Selon l’ONG brésilienne Contas Abertas (Comptes ouverts), les pots-de-vin distribués entre 2006 et 2014 par l’entreprise de construction Odebrecht auraient pu permettre d’acheter 83 944 ambulances, dans un pays où l’on meurt encore de ne pas avoir les moyens de se rendre à l’hôpital. Mais cela fait beaucoup d’ambulances. Personnellement, j’aurais renoncé à quelques véhicules supplémentaires pour fournir des extincteurs automatiques au Musée national de Rio de Janeiro, y remplacer les fils électriques dénudés et remplir les deux bouches à incendie que les pompiers ont trouvées vides en arrivant. 

De l’eau, il en faut aussi des torrents pour poursuivre l’enquête anticorruption baptisée « Lava Jato » (lavage au jet). Car cette opération de nettoyage ne s’applique pas seulement à des seconds couteaux : cinq anciens présidents de la République, dix gouverneurs, neuf ministres, un tiers des sénateurs et une quarantaine de députés sont éclaboussés par les affaires.

Nombre d’entre eux, qui ont empoché des pétrodollars, sont accusés de blanchiment d’argent. Ce terme étrange – car il ne s’agit pas de repeindre en blanc des billets verts – s’est imposé à l’époque où la mafia italo-américaine rinçait de fausses coupures neuves pour leur donner un aspect usé. Le blanchisseur moderne, lui, n’est ni un manuel ni un faussaire. Il se contente d’une lessiveuse pour réintégrer de l’argent sale dans le système, espérant être lavé de tout soupçon. 

Tous les spin doctors vous le diront : un grand ménage s’impose dans le corps politique brésilien qui souffre de flatulences, d’intoxications et d’infections en tous genres. Ce n’est pas seulement de lavage dont il a besoin, mais d’un bon lavement. 

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