Paru le 25 mai 2022

 

D’où qu’ils viennent, quels que soient la raison du départ ou le nom qu’on leur donne – réfugiés, migrants, exilés… –, ceux qui vagabondent sur cette terre ont en partage la douleur de l’arrachement et la nostalgie du foyer abandonné. Cette condition, de nombreux écrivains l’ont décrite au fil des siècles, depuis Ovide jusqu’à Kundera. Dans ces pages, aux côtés du Prix Nobel de littérature J.M.G. Le Clézio, des auteurs issus de tous les continents dessinent leur propre expérience de l’exil, en écho à leur présence au festival Étonnants Voyageurs.

 

 

« Le langage est la consolation des exilés »
Entretien avec J.M.G. Le Clézio

« C’est peut-être cela la consolation des exilés. Leur unique et admirable consolation. Ils ont perdu tous les liens, mais ils gardent celui-ci, lié au premier jour de la vie, cette langue qui les a nourris en même temps que le lait de leur mère. » Que peut dire la littérature de ces déracinements, souvent brutaux et subis ? Que peut-elle pour ceux qui les vivent ? L’auteur du Livre des fuites nous fait part de ses réflexions, nourries du parcours de ses aïeux installés à l’île Maurice, de sa vie d’écrivain voyageur, mais aussi de ses lectures, de Cervantès à Karim Kattan, en passant par Henri Michaux.

 

En exil
une nouvelle d’Anton Tchekhov

« Quand on m’a envoyé de Russie ici, je me suis mis dans la tête dès le premier jour que je ne voulais rien ! Le diable m’a tenté avec ma femme, avec ma famille, avec la liberté, moi je lui ai répondu : Je n’ai besoin de rien ! Je me suis accroché et, tu le vois, j’ai la belle vie, je ne me plains pas. Mais si on se laisse tenter par le démon et qu’on l’écoute ne serait-ce qu’une fois, on est perdu… » Dans cette fiction inspirée de son voyage à Sakhaline, une île qui servait de lieu de relégation, le grand écrivain russe dépeint la demi-vie de ceux qui ont été bannis loin de chez eux.

 

Et aussi : Doan Bui, Kapka Kassabova et Sami Tchak, trois portraits d’écrivains de l’exil, par notre journaliste Lou Héliot ; le regard de l’autrice de bande dessinée franco-libanaise Zeina Abirached ; et 8 coups de cœur de libraires parmi les romans et récits de voyage récents.

 

 

2e feuille – « La bibliothèque idéale du 1 » : l’Odyssée d’Homère

 


« L’Odyssée sculpte la relation entre les mortels et les dieux »
entretien avec Barbara Cassin

« C’est un éloge de l’intelligence, mais pas de la sournoiserie. » La philologue nous parle de son goût pour le personnage d’Ulysse, ce maître du langage dont les aventures ont pour moteur ses propres faiblesses et failles. Elle nous explique aussi pourquoi l’œuvre d’Homère, matrice de la culture grecque, continue de rayonner, en particulier à travers la question de l’errance et de l’hospitalité.

 

Ce qu’il reste à raconter
Laurent Gaudé

« Je n’aime pas Ulysse, mais j’aime le mystère qui l’entoure. Et surtout, les mille récits qu’il porte. Il donne envie d’imaginer tant d’histoires. » L’auteur d’Eldorado et de Médée Kali nous livre son regard sur le héros de l’Odyssée, qui, écrit-il, pourrait bien n’être qu’un menteur.

 

Et aussi : un grand poster signé Benjamin Flao ; la genèse de l’œuvre, par Julien Bisson.

 

Acheter ce numéro S’abonner au 1 des libraires