Je suis née au Liban, en 1981. C’est une date importante, car cela signifie que je suis née au milieu de la guerre. Beyrouth était déjà coupée en deux par la ligne de démarcation, et en partie détruite. J’avais 9 ans lorsque la guerre a cessé, et j’étais adolescente puis étudiante pendant la longue période de reconstruction qui a suivi – une reconstruction très agressive, qui a fait table rase du passé et du patrimoine historique pour rebâtir Beyrouth à neuf. 

C’est à ce moment-là que j’ai commencé à ressentir le besoin, l’urgence de garder une trace de ce qu’avait été ma ville, de conserver la mémoire de lieux désormais disparus.

Comment ? J’ai d’abord essayé d’écrire. Je me souviens de tracer ces mots : « Je suis née en 1981 à Beyrouth dans une impasse. » L’impasse était en fait une rue bloquée par des sacs de sable pendan