Ce qui est après ou avant
semble un lieu morne maintenant
comme s’il pouvait jamais y avoir plus

ou moins de ce qui est,
une vie vécue juste parce que
c’est une vie si rien de plus.

Une porte, la rue passe devant
exactement comme avant.
Des années après ma mort,

peut-être que quelqu’un d’autre encore
sera là pour l’ouvrir,
guetter dehors ce qui arrive –

même s’il n’y a rien,
ou s’il n’y a jamais rien eu
ou si tout s’est perdu.

Persiste, continue d’y croire.
Rêver c’est peut-être tout ce qu’on a
qu’importe ce qu’on croit

des mondes, où qu’ils soient –
avec des gens en attente
ils nous reconnaîtront quand nous viendrons

quand toute la lutte sera finie,
toutes les tristes batailles perdues ou gagnées,
tout, réduit en cendres.

 

Robert Creeley, Collected Poems © University of California Press, 2008

Adaptation en français par Clarisse Davy

Poème proposé par LOUIS CHEVAILLIER et illustré par JONATHAN BLEZARD

 

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