Neuf Français sur dix se disent convaincus que François Hollande ne pourra pas « inverser la courbe du chômage ». Ils ont raison : une courbe ne peut en aucun cas être inversée, soulignent les mathématiciens, horrifiés par cette expression absurde. On peut inverser un courant électrique ou le sens de la marche d’un véhicule, inverser une image, inverser des rôles, inverser les termes d’un problème, on peut même faire l’inverse de ce que l’on avait promis lors d’une campagne électorale, mais certainement pas inverser une courbe.

Bon. On n’est pas là pour pinailler sur les mots. François Hollande veut infléchir la courbe du chômage. Autrement dit, obtenir qu’elle baisse après avoir beaucoup monté. Toutes les nuits, ne réussissant pas à l’attendrir, il rêve de l’empoigner, la tordre, la faire plier, la gauchir. Mais elle résiste, la garce ! Et le président normal se réveille, en sueur, tout courbaturé.

François Hollande devrait se pencher sur les travaux de Carl Friedrich Gauss (1777-1855). Ce physicien de génie n’a pas seulement découvert la fameuse loi de réciprocité biquadratique, qui explique peut-être les divisions de la gauche socialiste : il a laissé son nom à l’une des plus célèbres courbes mathématiques. Admirez l’harmonie de ce tracé : la courbe de Gauss s’élève de manière régulière, puis forme une bosse parfaitement arrondie, pour entreprendre une descente en douceur. Appelée aussi la courbe en cloche, elle évoque un charmant carillon. De quoi chatouiller délicieusement les oreilles présidentielles, qui, soir et matin, entendent sonner le tocsin. 

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