L’histoire des médias modernes peut schématiquement se diviser en trois périodes : le règne de la presse quotidienne, l’empire de l’audiovisuel et l’émergence de la Toile. 

Les grandes heures de la presse. Les quotidiens, diffusés à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires puis à plusieurs millions, sont seulement apparus à partir de 1870. Le Petit Journal, Le Petit Parisien, Le Matin et Le Journal, tous disparus aujourd’hui, se sont imposés à un large lectorat en misant sur les faits divers, la politique et les spectacles. Mais, surtout, trois facteurs expliquent ce succès sans précédent. D’abord, il a fallu l’invention des rotatives à bobine. Ces nouvelles rotatives à vapeur ont permis l’impression en continu, seule à même de produire des millions d’exemplaires à un rythme quotidien. Ensuite, la presse s’est appuyée sur la naissance de la publicité (la « réclame »). Ses nouvelles recettes lui ont permis de baisser de moitié son prix de vente et donc d’élargir le nombre de ses lecteurs. Enfin, dans cette France forte de 38 à 40 millions d’habitants, le recul du taux d’analphabétisme a renforcé le marché de la presse. La France est devenue une nation de lecteurs.

La galaxie audiovisuelle. Les célèbres émissions de la BBC durant la Seconde Guerre mondiale démontrent la puissance de la radio dès les années 1940 en France. À cette date, la qualité des émetteurs et des émissions s’est considérablement améliorée. Plus de 5 millions de foyers disposent d’un poste, et ce n’est que le début de l’aventure. 

Après guerre, le vénérable poste TSF cède progressivement la place au transistor. La France tout entière suit en direct les étapes du Tour de France, les feuilletons radiophoniques et… les événements de Mai 68. La radio propose actualités et distractions. Un cocktail d’information et de divertissement.

À partir des années 1960, le développement de la télévision amplifie ce phénomène. La politique (exclusivement celle du pouvoir au début), les variétés, les dramatiques et les jeux populaires constituent le fond de sauce télévisuel. Une recette qui agrège rapidement des millions de téléspectateurs. Pour mémoire, il s’est vendu près de 6 millions de téléviseurs dans l’Hexagone en 2014. Télévision publique, privée, le nombre de chaînes et de canaux de diffusion ne cesse de croître.

Avec la radio et la télévision, l’ère des mass media est véritablement née. Et celle de l’information en continu.

L’univers de la Toile. Le nouveau monde de l’Internet fait vraiment irruption dans la vie quotidienne des Français au milieu des années 1990. -Progressivement, chaque média se dote d’un site Web où il propose des contenus repris de sa version papier puis des contenus spécifiques (articles, infographies, photos et vidéos). Dans cet univers, non seulement l’information ne s’arrête jamais, mais elle arrive du monde entier en temps réel. Pour la première fois dans -l’histoire, vous pouvez lire le New York Times au même moment que les New-Yorkais et l’Asahi Shimbun en même temps que les Japonais. -L’espace est aboli, le temps unifié.

Parallèlement naissent des lieux d’expression qui s’ouvrent à tous : les blogs et les réseaux sociaux. Les journalistes professionnels ne sont plus les seuls à prendre la parole et à donner leur avis. Citoyens et experts peuvent, s’ils le veulent, développer leurs points de vue. Jamais l’information n’a été aussi accessible. Paradoxe : jamais elle n’a été autant tenue pour suspecte. 

 

LAURENT GREILSAMER

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