63 % des Français votent dans la commune où ils dorment, mais travaillent dans une autre. C’est logique puisque nous parcourons en moyenne 45 kilomètres par jour. L’élection locale est ainsi devenue une sorte d’élection de CIQ (Comité d’intérêt de quartier) où on parle silence, sécurité, école, loisirs. Cela construit des villes et des villages agréables à vivre, fleuris, piétonniers et cyclistes. Disons au mieux la ville haussmannienne, plus le Club Med, plus la culture Jack Lang. Mais ni intégration des périphéries ni bataille pour l’emploi. Cette immense démocratie du sommeil sélectionne des élus qui ensuite montent vers le pouvoir par les cantons et les grandes écoles. Fabrique-t-elle des citoyens ?

Pour essayer de retrouver un territoire politique plus utile, on a alors empilé des espaces électoraux multiples, communautés de communes, métropoles, départements, régions, État, Europe. Plus il y a d’échelons, moins il y a d’électeurs, mais un nombre croissant d’élus, ce qui permet de laisser une part des sièges aux dames sans désavantager les messieurs. Malin. Reste il est vrai un autre échelon qui fait sens, la France – mais une France qui sans cesse renvoie les responsabilités vers l’Europe. La citoyenneté se cristallise donc à ces deux niveaux, communes et État, qui sont de moins en moins les lieux des pouvoirs. Enfin, au niveau supérieur de la grande décision pour notre avenir, la COP21. Là, il n’est même plus question d’élection ni de démocratie. 197 pays, dictatures et démocraties, monarchies et républiques, associés. Là est l’avenir du monde. Une démocratie du sommeil, donc, face à une non--démocratie planétaire. Je vous évite l’étalement dans le temps des élections qui complexifie le système. Avec à la clé, sans surprise, l’immense désarroi d’un peuple qui fait confiance à 9 % aux partis politiques… 

Ne pourrait-on commencer par élire le même jour le président de la République, le Commissaire européen, une Assemblée nationale réduite et les députés européens ? Et à mi--mandat tous les autres ? Cela permettrait de pouvoir chaque fois débattre des projets de développement et d’art de vivre au niveau des manettes actuelles des pouvoirs. Car une démocratie devenue opaque, et avec une abstention croissante, ne favorise-t-elle pas le populisme et les engagements non tenus ? 

 

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