Il existe des clivages forts au sein de la jeunesse. Le premier dépend de la valeur du diplôme : 44 % des jeunes français obtiennent un diplôme d’études supérieures qui leur assure, à terme, de trouver un travail. Ceux-là ont de bonnes chances de s’insérer dans la société. Environ 40 % n’ont que le baccalauréat ou une formation professionnelle courte. Leurs perspectives sont plus aléatoires, d’ailleurs un tiers d’entre eux se déclarent au chômage ou sans activité trois ans après la fin de leurs études. Les derniers 16 % représentent les vrais décrocheurs scolaires. Une deuxième fracture apparaît entre les jeunes soutenus par leur famille, moralement et parfois financièrement, et les autres. C’est un paramètre qu’il faut absolument prendre en compte et qui peut toucher toutes les classes sociales. Enfin, un dernier clivage sépare les jeunes urbains des jeunes vivant dans des zones excentrées. Les premiers sont souvent individualistes et hypersocialisés. Ils ont des amis, des meilleurs amis, des amis d’amis. Ils sortent beaucoup, tirent parti de la vie urbaine. Les écrans leur servent de relais vers la vie réelle. Certains jeunes, dans des petites villes ou à la campagne, ont le sentiment de ne pas être invités à cette fête collective de la jeunesse. La première conséquence de ces différents clivages en termes de vote est l’abstention, qui tend à se généraliser parmi les jeunes. Aux élections départementales de 2015, les deux tiers des 18-35 ans ne sont pas allés voter. Ceux-là n’attendent plus rien des institutions étatiques. La seconde, c’est le vote Front national. Quand ils votent, environ 30 % optent pour l’extrême droite. Ce n’est pas un tabou pour ces jeunes précaires en emploi, qui se sentent délaissés par la société. Quand elle veut protester, la jeunesse vote Front national. Aujourd’hui, c’est la vraie attitude protestataire. 

 

Propos recueillis par MANON PAULIC

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