Il serait malvenu, et même absurde, de contester le besoin de sécurité renforcée des Français après les drames du 13 novembre. La première des libertés, c’est précisément d’aller où bon nous semble sans risquer notre vie. Protéger la sécurité des personnes – et accessoirement des biens –, c’est ce qui donne du crédit à un État. C’est ce qui cristallise le sentiment d’appartenance à une nation : ne pas être attaqué, visé, abattu en qualité de Français, comme l’ont été toutes les victimes de ce vendredi noir. L’état d’urgence devient dès lors une première nécessité pour se donner tous les moyens de repousser une menace qui n’a plus rien de théorique, puisqu’elle peut frapper à tout moment, aveuglément, sans autre mot d’ordre que tuer.

On ne saurait pour autant se satisfaire d’une situation qui fait aussi des victimes collatérales. À commencer par les migrants qui depuis des mois fuient précisément les exactions de Daech et se retrouvent pris entre deux feux : celui de la barbarie d’un côté, celui de l’état d’urgence de l’autre, un droit qui se hérisse comme une herse et s’abat soudain sur ces dizaines de milliers de destins. S’ils ne peuvent vivre ni là-bas ni ici, est-ce donc qu’ils doivent devenir des non-êtres affublés de non-droits ? Leur venir en aide est une question de principe et un devoir d’humanité. Dans la liste des victimes des terroristes, devra-t-on ajouter les migrants, sous prétexte que les premiers se glisseraient parmi les seconds, comme voudrait le faire accroire Daech ? 

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