Monsieur le Calife autoproclamé,

À l’heure où j’écris ces lignes, j’imagine votre immense satisfaction. Sans doute êtes-vous devant un poste de télévision, en train de savourer votre exploit. La moitié du monde est en deuil, bouleversée, indignée, sinon terrorisée par le massacre que vous avez commandité à Paris. 

Vous avez trois raisons de vous réjouir.

La première est l’image de ces dizaines d’hommes et de femmes, tués sur le coup ou agonisant pendant des heures dans une salle de spectacle. Et ces centaines de blessés ou de mutilés. Et leurs proches. Et tous ceux qui sont sortis indemnes de cette boucherie, mais n’ont pas fini de pleurer.

La deuxième raison de votre satisfaction concerne les kamikazes, à qui vous avez délivré des brevets de martyrs, en les assurant que mille félicités les attendaient au paradis. J’imagine que vous n’avez pas fait cette promesse à la légère : vous disposez certainement d’une liaison directe avec le Ciel.

La troisième raison de votre fierté tient, bien sûr, à l’islam. Qui d’autre – à part peut-être feu Ben Laden – en aura donné une si belle image ? Les millions de musulmans de par le monde qui vous maudissent n’ont sans doute rien compris à leur religion. Mais vous réservez à ces apostats le même sort qu’aux infidèles.

Méfiez-vous quand même. Le vent tourne, et vous en avez peut-être trop fait. Les gens ont éteint leur téléviseur : ils sont descendus dans la rue pour se recueillir et déposer des fleurs. Nulle haine dans leurs yeux. Simplement quelques larmes. Oui, méfiez-vous, Monsieur le Calife auto­proclamé. 

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