Mesdames et Messieurs,

Ce qui se déroule actuellement en Europe, ce n’est pas une catastrophe naturelle, mais une multitude de situations catastrophiques. Une infinité de tragédies ont lieu et l’on assiste même à des atrocités comme ce fut le cas, il y a quelques jours en Autriche, lorsqu’on a découvert soixante-dix personnes mortes dans un camion, sacrifiées par des passeurs sans scrupule. Ce sont des horreurs que l’on peut à peine imaginer et face auxquelles on ne peut que dire la chose suivante : ces images dépassent notre entendement. Et cela se déroule pendant que nous, ici, vivons dans le confort.

Tout à l’heure, nous allons bien sûr parler de centres d’accueil ­d’urgence, de la durée de traitement des dossiers, de reconduites aux frontières, de répartition équitable des populations entre les pays ­d’Europe, de sécurisation de la situation dans les pays dont ces personnes sont originaires, de combats, d’actions contre les causes qui ont provoqué le départ de ces populations. Bien sûr, nous allons devoir parler de ces questions. Mais auparavant nous devons parler de ce qui devrait guider notre action et de ce qui, en tout cas, guide mon action. […] 

Nous devons […] nous souvenir de quelques principes clairs. Ces principes trouvent leur origine dans notre loi fondamentale, ni plus ni moins. Le premier principe, c’est le principe fondamental du droit d’asile pour toute personne subissant des persécutions politiques. Nous pouvons être fiers du caractère profondément humain de notre loi fondamentale. Dans cet article, elle le montre particulièrement : nous devons également assistance à tous ceux qui, fuyant des guerres, se réfugient chez nous. À eux aussi, nous devons protection. Le deuxième principe fondamental, c’est la dignité de chaque être humain. C’est un principe fondamental qui figure déjà dans le premier article de notre loi fondamentale, de notre Constitution. Peu importe qu’il s’agisse d’un ressortissant de notre pays ou pas, peu importe d’où il vient, pourquoi il est venu chez nous et ses chances d’obtenir au bout du compte une reconnaissance de son statut de réfugié, nous reconnaissons et respectons la dignité humaine de chaque individu. Et nous rejetons avec toute la force de notre État de droit tous ceux qui harcèlent d’autres hommes, qui attaquent, agressent d’autres hommes, qui mettent le feu à leurs abris, à leurs habitations et usent de violence à leur encontre. Nous condamnons tous ceux qui appellent à des manifestations et à des chants de haine. Il n’y a aucune tolérance à avoir à l’égard de ceux qui remettent en question la dignité d’autres êtres humains.  

 

Extrait du discours prononcé par Angela Merkel à Berlin, le 31 août 2015, lors de sa conférence de presse estivale annuelle

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