De grâce, cessez de dire que « les murs ont la parole ». Ces paroles-là ne sont pas les nôtres, mais celles d’inconnus qui se permettent de les inscrire sur nos flancs : des graffiti.

Nous ne nous murons pas dans le silence pour autant. Prenez-vous la peine de nous écouter ? Ils ne parlent pas, les murs, ils murmurent. De dépit, de lassitude, parfois même de colère. On nous montre du doigt. Mais nous a-t-on consultés avant de faire de nous des murailles, des frontières qui remplacent des pointillés sur les cartes ? 

Nous sommes loin d’être insensibles à la détresse humaine. Certains cris nous font trembler. Car tous les murs ne sont pas aveugles, figurez-vous : beaucoup acceptent de voir la réalité en face. Nous ne sommes pas de marbre. Comment pourrions-nous ignorer tous ces gens qui se heurtent à nous ? Oui, les murs gémissent. Des murs de lamentations, qui ont du mal à retenir leurs larmes et suintent goutte à goutte. 

Aucun mur n’est infranchissable. On peut l’escalader, le contourner… Ou même le percer, comme cet artiste talentueux, au Caire, qui a réussi, par un trompe-l’œil, à rendre transparent un mur antiémeutes.

Aucun de nous n’est éternel. Tôt ou tard, les murs se fissurent, se lézardent. Ou déclarent forfait : ils laissent béton. S’ils s’écroulent, c’est qu’ils ont fait leur temps. Le mur de Berlin n’est-il pas tombé comme un fruit mûr ? 

Certains sont plus résistants : le mur de la peur, le mur de la haine, le mur de l’indifférence… Mais ne mélangeons pas tout, s’il vous plaît : ces murs-là n’existent que dans vos têtes. 

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