C’est une photographie qui a été prise par un membre d’une association humanitaire. On distingue nettement, au premier plan, une jeune golfeuse qui s’apprête à frapper son coup. Elle se concentre, parfaitement étrangère à la scène qui se joue au bout du green, là où notre œil découvre des hommes agrippés au sommet d’une clôture métallique de 6 mètres de haut. Peu leur importe le golf. Ils tentent de rejoindre l’espace Schengen. Derrière eux, le Maroc. Devant, l’Europe ou plus précisément la ville de Melilla : une enclave de l’Union européenne en terre africaine…

Très spectaculaire, la photo remonte à l’année dernière et résume assez bien la situation actuelle. Les murs en Europe se multiplient, que ce soit sur les frontières extérieures de la Grèce ou de la Hongrie. Celui de Melilla constitue un « modèle » avec sa double enceinte garnie de fil barbelé et truffée de capteurs électroniques. 

La golfeuse ne veut pas le voir et nous non plus. Ou plus exactement nous le voyons sans comprendre immédiatement la logique à l’œuvre. Ces nouveaux murs, c’est l’Union européenne qui les finance. Ces murs sont à notre image : très élaborés. Surtout, ces murs sont élevés en notre nom. Nous en sommes les ordonnateurs et les bénéficiaires, que nous le voulions ou non. Un regard rapide peut laisser croire que les migrants ont saisi leur chance, qu’ils sont sur le point de nous rejoindre. Mais non : les migrants passent très rarement de l’autre côté du mur. Regardez bien cette échelle sur la droite du cliché. La police est déjà là. 

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