Championnes de l’organisation, les abeilles ont toujours fasciné les humains. « Aucun peuple de la terre n’a autant de vénération pour son roi, affirmait Virgile. C’est lui qui surveille les travaux des mouches à miel, lui qu’elles escortent à la guerre... »

Balivernes ! Avec l’invention du microscope, au xviie siècle, on s’est aperçu que le roi de la ruche était une reine. Et que sa mission principale consistait à pondre deux à trois mille œufs par jour.

Prenant la plume à son tour en 1857, Michelet, le grand historien de la Révolution française, y a vu, non pas une monarchie, mais « une république maternelle ». De quoi nous faire rêver ! Imaginez une Ségolène, une Martine ou une NKM, ouvrant des bras généreux et, de sa voix douce, nous murmurant à l’oreille : « À la fin de mon mandat, comme dans les ruches, nous aurons réalisé le plein-emploi. »

Mais il a fallu attendre 1901, avec un ouvrage prodigieux, La Vie des abeilles, de Maurice Maeterlinck, pour en avoir une vue exacte. S’exprimant à la fois en dramaturge, en poète et en philosophe, mais aussi en apiculteur passionné, le futur Prix Nobel de littérature analysait « la sagesse » de ces insectes, sans rien cacher de leurs rivalités meurtrières. Dans la ruche, il n’y a de place que pour une seule reine. « Toutes les espèces d’abeilles, soulignait-il cependant, ne sont pas arrivées au même degré de civilisation politique. L’abeille syrienne, par exemple, peut faire cohabiter cent vingt reines, et même davantage. » Une belle leçon de cohabitation ! Mais c’était en 1901, bien avant Bachar Al-Assad. 

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