Consensus et discussions
Temps de lecture : 2 minutes
Les scientifiques s’accordent pour constater un effondrement des populations d’abeilles dans le monde entier. Depuis des années, l’Europe perd 30 % de ses colonies que les apiculteurs renouvellent avec grande difficulté. L’année dernière ce chiffre a atteint 42 % aux États-Unis et 58 % en Ontario. Si ces constats font consensus, l’origine du problème est l’objet de discussions. Mais de plus en plus de voix scientifiques s’élèvent pour dénoncer le rôle des pesticides dans ce qu’il convient d’appeler une hécatombe. Regroupant 27 académies des sciences européennes, l’EASAC (European Academies Science Advisory Council) a rendu cette année un rapport faisant explicitement le lien entre ces substances et le sort inquiétant non seulement des abeilles, mais également de la biodiversité. Principale ONG consacrée à la cause environnementale, l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) s’appuie sur un réseau de chercheurs qui a évalué et synthétisé quelque 1 121 études scientifiques sur le sujet. Cet impressionnant travail publié en 2015 fait état d’un large consensus scientifique contre les pesticides néonicotinoïdes, qui empoisonnent les colonies et les rendent plus vulnérables aux parasites naturels et aux maladies.
La terreur grimpe d’un cran lorsque l’on réalise que ces chiffres se rapportent quasi exclusivement aux abeilles domestiques. Les mesures sont très généralement mises en œuvre dans le cadre de surveillances apicoles. Une autre dimension du problème concerne les abeilles sauvages, et plus généralement les pollinisateurs sauvages, beaucoup plus difficiles à suivre. Ces dernières sont tout autant exposées à ces substances nocives, sans pour autant bénéficier des mêmes soins que leurs consœurs domestiquées : renouvellement d’essaims, conditions d’installation facilitées, traitement des maladies et des parasites. Tout indique que le bilan pour la faune est donc encore plus lourd, notamment en raison des effets en cascade sur les oiseaux insectivores. Mais ce bilan reste pour le moment largement méconnu.
« Nous nous agressons lorsque nous agressons la nature »
Gilles Boeuf
Les abeilles sont-elles des vigies ou des thermomètres dans la relation entre l’homme et la nature ?
Je préfère le mot vigie. C’est un fait historique. Les abeilles pénètrent dans le Nouveau Monde en 1620 avec les …
Ruches
Robert Solé
Championnes de l’organisation, les abeilles ont toujours fasciné les humains. « Aucun peuple de la terre n’a autant de vénération pour son roi, affirmait Virgile. C’est lui qui surveille les travaux des mouches à miel, lui qu’elles es…
Morale et politique des abeilles
Luc Ferry
Dans la conception révolutionnaire du « gouvernement de la vertu » élaborée par les jacobins dans les années 1790, seule l’action désintéressée peut être dite moralement bonne. Par contraste, la sociét&…