Certaines expressions collent à la langue comme le sparadrap au doigt du capitaine Haddock dans L’Affaire Tournesol. Avec la victoire de Syriza, le bras de fer qui s’annonce sur le remboursement de la dette grecque fait penser aux calendes. Un terme romain qui renvoyait jadis au premier jour du mois associé à la nouvelle lune. En ce jour bien particulier, vers 45 av. J.-C., les débiteurs étaient tenus de rembourser leurs dettes… Si on a judicieusement accolé l’épithète « grecques » auxdites calendes pour évoquer ce qui n’arrivera jamais, sinon à l’horizon de la Saint-Glinglin, c’est que chez les Grecs, on ne connaissait pas de calendes. Pas d’échéances, pas d’obligations à rembourser gravées dans le marbre ou l’argile du temps. 

Voilà donc pourquoi le pays des dieux peut revendiquer son exception culturelle. Aucun calendrier de Zeus, d’Aphrodite ou d’Héphaïstos ne lui enjoint le moindre remboursement. Demain peut attendre ! Cette légitimation historique une fois acquise, les calendes grecques offrent un spectacle des plus chatoyants. C’est bien simple, on n’y voit que du bleu. Le bleu de la Méditerranée, des golfes clairs, des heureux qui comme Ulysse... C’est bien ça. Au lieu de faire et refaire ses comptes d’apothicaire, la troïka au chevet du pays devrait céder aux sirènes des calanques grecques. 

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