En circulant ces derniers jours dans la rue et spécialement devant les kiosques, je me rappelais cette phrase du philosophe allemand Hegel : « La lecture des journaux est la prière du matin de l’homme moderne. » Oui, cette phrase revenait comme une petite musique en voyant ces files de citoyens patientant dès 6 heures du matin pour acheter leur exemplaire de Charlie Hebdo. Des files incroyables, silencieuses, impressionnantes. Permettez ce blasphème : ces hommes et ces femmes ressemblaient à des fidèles devant le prêtre, attendant de recevoir l’hostie.

L’heure était à la communion républicaine. Durant quelques jours, les guérites des kiosquiers parisiens (mais je suis bien sûr qu’il en allait de même partout en France et au-delà) redevenaient les sentinelles de la démocratie. Il soufflait partout un vent laïc, un air frais, une caresse d’espoir singulière. 

Après la sidération, l’émotion, l’immense chagrin, beaucoup ressentaient le besoin d’acheter Charlie. Tel est le paradoxe provisoire : « ils » ont voulu tuer Charlie et « ils » ont ranimé sa flamme. Jamais un titre de presse ne s’est autant arraché en France. Par solidarité et respect. Pour chercher à comprendre. Chercher le pourquoi et le comment. Le pourquoi surtout. L’Histoire nous apprend que les périodes révolutionnaires sont propices à cette frénésie de lecture. Les périodes de libération aussi. Rêvons un peu. 

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