Seigneur Dieu, Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, faites en 2015 :

– que l’on cesse de dire « voilà » toutes les deux phrases ;

– que l’on nous évite les « feuilles de route » et les incitations à « changer de logiciel » ; 

– que l’on renonce à « faire de la pédagogie » ou vouloir « bouger les lignes » ;

– que l’on arrête de parler de bashing et, plus généralement, d’utiliser à tout propos des mots anglais quand il existe d’excellents équivalents en français ;

– que l’on cesse d’affirmer que « la France est le seul pays qui… » ;

– que l’on cesse d’affirmer que « la France est le seul pays où… » ;

– que des amuseurs publics ne fassent plus les journalistes ;

– que des journalistes ne fassent plus les amuseurs publics ;

– que l’on s’abstienne – à gauche, à droite, au centre et aux deux extrêmes – de réclamer « le changement », en ne changeant rien à ses propres habi­tudes ;

– que les commentateurs politiques arrêtent de nous prendre pour des pommes. Plus exactement, qu’ils cessent de nous bassiner du matin au soir avec des cotes de popularité, des rivalités de personnes, des petites phrases arrachées dans des interviews, pour fustiger ensuite « les luttes politiciennes qui n’intéressent pas les gens » et réclamer avec gravité que l’on parle « de l’essentiel ».

Bien entendu, je ne me fais aucune illusion sur la réalisation de ce dernier vœu (comme des précédents, d’ailleurs). Les intéressés continueront à cuisiner les mets qu’ils dénoncent, et je continuerai sans doute à m’en régaler – un peu honteusement, mais à m’en régaler quand même. 

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