À quand remonte l’apparition des drones ? 

L’« avion sans pilote » est apparu pendant la Première Guerre mondiale, au moment de l’émergence de l’aéronautique. Les premières expérimentations ont consisté à faire voler un avion, le Voisin VIII, équipé d’une mécanique de contrôle à distance. Au début, un pilote restait à bord pour reprendre le contrôle de l’engin si nécessaire, puis on a appris à faire voler l’appareil tout seul en ligne droite. 

Comment ce nouvel outil technologique a-t-il été accueilli ?  

Dans les années 1920, les journaux parlaient de ces engins comme d’une grande découverte. Ils ont suscité de l’émerveillement et surtout beaucoup de curiosité, car ils n’étaient alors utilisés que dans le cadre d’expérimentations. Les drones gagnent officiellement leur légitimité lors du conflit vietnamien entre 1964 et 1975. La mission principale affectée aux 1 016 drones en service durant cette guerre est la localisation des rampes de lancement des missiles sol-air soviétiques, mais ils servent également au largage de tracts. 

D’où vient le terme ? 

Drone signifie en anglais faux bourdon. Le nom a mis du temps à s’imposer bien qu’on commence à l’employer dès les années 1930, à cause du bruit, similaire à celui de l’insecte, que produisent ces machines en volant. La terminologie autour du drone a longtemps évolué, au rythme du développement des capacités de l’appareil. On a fini par utiliser le sigle RPAS pour remotely piloted aircraft system (système aérien piloté à distance), qui insiste sur le fait que les appareils ne volent pas de ­manière autonome, mais sont bien dirigés à distance par des hommes. Depuis moins de cinq ans, le terme drone est revenu dans le langage militaire international et il est désormais utilisé de manière officielle. 

Voilà presque un siècle que le drone est né. Pourquoi un tel regain d’intérêt aujourd’hui ? 

Les attentats du 11-Septembre à New York ont constitué un tournant. Le drone est apparu comme la réponse technologique à la menace terroriste, diffuse et plus difficilement repérable. Il peut non seulement agir sur le champ de bataille, mais aussi pénétrer en milieu urbain. Il s’agissait aussi, à l’époque, d’éloigner le soldat du feu de la guerre, dans le contexte de mise en application de la doctrine américaine de « guerre zéro mort ». C’est une utopie de croire que la guerre puisse ne pas engendrer de blessés et de morts. On peut d’ailleurs constater dans l’actualité que l’une des réponses des terroristes face à cette stratégie est de remettre l’homme au centre du conflit en multipliant les enlèvements.  

Où produit-on le plus de drones aujourd’hui ? 

Beaucoup connaissent la photographie de Norma Jean Baker, alias Marilyn Monroe, ouvrière dans l’usine de drones radiocommandés, la Radioplane Company… Les États-Unis continuent aujourd’hui de produire des drones, mais la production est devenue mondiale. Israël reste en pointe. À la faveur de la guerre, ce pays a stimulé sa production industrielle et s’est mis à fournir les autres pays. L’Afrique du Sud, qui assure aujourd’hui sa propre production, a utilisé des drones israéliens dès les années 1970 pour la surveillance urbaine.

On a souvent critiqué la France pour son retard sur la question des drones. Est-ce une réalité ?

La France s’est longuement interrogée sur le renouvellement des équipements de ses forces armées. Après cinq ans de débats, elle a fini par acheter deux drones « Reaper » aux Américains en 2013. Il est vrai que la France possède peu de drones de surveillance, et aucun drone armé, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian n’ayant pas encore pris position sur la question. Cela ne signifie pas qu’elle soit en retard. Elle participe activement à la réflexion internationale, et fait avancer l’innovation. Dassault Aviation développe actuellement un drone de combat de démonstration dans le cadre d’un partenariat européen. Cet appareil, furtif comme un avion de chasse, reprend la dynamique d’un bombardier. Les essais effectués à Istres sont un succès.

À quoi ressembleront les drones de demain ? 

Un engin comme le Global Hawk, utilisé par l’US Air Force, a une autonomie de trente-six heures de vol. L’évolution va plutôt porter sur la manière de s’alimenter en énergie. Des drones solaires sont à l’étude, de même que des drones spatiaux. Demain, ces engins vont devenir de plus en plus furtifs, endurants, et livreront une qualité d’image plus précise. Depuis 1917, le drone n’a cessé d’évoluer et sa marge de progression reste énorme. 

Propos recueillis par MANON PAULIC

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