En quoi les affaires qui mettent en cause des dirigeants politiques nuisent-elles à leur crédibilité ?

Les citoyens font un ­distinguo entre deux types de pratiques illégales. Ils condamnent l’enrichissement personnel et « excusent » les financements occultes des formations politiques. Chez nous, la centralité de l’État fait que la morale n’est pas au-dessus de la représentation politique. Par contre, l’ensemble de ces pratiques sont ­vécues comme insupportables quand le politique semble avoir ­renoncé à peser sur le cours des choses et « s’irresponsabilise » derrière des contraintes extérieures.

Nos dirigeants regagneraient-ils du crédit s’ils se montraient indépendants des lobbies ?

La plupart des politiques sont intègres. Mais depuis le milieu des années 1990 prévaut l’idée qu’il y aurait des élites politico-­administratives et médiatiques vivant sous la dépendance et l’influence de la finance, dans un entre-soi, à l’abri des contingences économiques, contrairement au commun des mortels. Le fond de notre crise démocratique a des ressorts profonds, comme la non-coïncidence entre souveraineté démocratique et lieux de décisions économiques, et aussi la prévalence des marchés financiers. Ces derniers sont désincarnés, alors l’opinion pointe la corruption des politiques. 

Propos recueillis par ÉRIC FOTTORINO 

Vous avez aimé ? Partagez-le !