Femmes en mission ­humanitaire repose sur l’échange de compétences entre les femmes européennes et les femmes des pays en développement. Au Pérou, nous collaborons avec une association dédiée aux mères adolescentes. Au Cameroun, nous apportons notre soutien à une femme qui a monté une mutuelle autogérée pour les familles victimes du sida. Toutes ces femmes ont pris des risques, monté leur structure. Nous les aidons à tenir sur le long terme.

Nous envoyons sur place des comptables, des volontaires en capacité de créer des bases de données ou des sites Internet, des infirmières, des éducatrices de jeunes enfants. L’Inde fait exception car notre partenaire est un homme : nous avons beaucoup de mal à trouver des ONG dirigées par des femmes dans le sous-­continent. Il fait un travail remarquable pour les femmes dalits (intouchables) en les aidant à s’émanciper financièrement. L’association les forme à la broderie, la couture et la confection de bijoux. Nous préférerions que ces activités génératrices de revenus soient d’une autre nature, mais nous ne demandons pas l’impossible à nos partenaires. 

Que ce soit en Afrique, en Inde ou en Amérique latine, les femmes travaillent comme des damnées. Elles ne s’arrêtent pas, qu’elles exercent une activité rémunérée, qu’elles s’occupent de leur maison ou du bien-être des enfants et du mari. Dans la philosophie de l’association, nous avons un principe fondamental : l’éducation. Cela permet aux femmes de sortir de la survie pour accéder à l’espace de la pensée. 

Si l’on trouve beaucoup de femmes sur le terrain, peu sont à la tête d’ONG. En France, elles sont minoritaires. Vous trouverez beaucoup de présidentes de petites structures, mais les grandes organisations comme Aides ou Handicap international sont dirigées par des hommes. Les femmes sont moins nombreuses à ces postes car elles ne s’autorisent pas à développer des idées tant qu’elles ne possèdent pas la pratique réelle du terrain. Une activité très prenante qui ne leur permet pas d’étendre et de consolider leurs réseaux en France. Ici, les nominations fonctionnent beaucoup par cooptation, au détriment des femmes.  

Propos recueillis par Elsa Delaunay

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