Selon les derniers chiffres publiés, le HCR dénombre plus de 51 millions de personnes déracinées à travers le monde, dont 16,7 millions de réfugiés et 33,3 millions de déplacés internes fin 2013. Ses publications insistent sur l’importance stratégique de la qualité de ces évaluations afin de calibrer les interventions internationales à la hauteur des besoins révélés.

Toute personne sensibilisée à la complexité des opérations de recensement ne peut que s’interroger sur les conditions dans lesquelles un tel dénombrement peut être réalisé : les populations concernées sont immenses, elles sont parfois très mobiles et elles évoluent au milieu de conflits et dans des États en crise, contextes peu propices au travail statistique. À l’image de l’instituteur qui demande à ses élèves de se tenir par la main deux par deux et de rester immobiles, un statisticien a besoin pour compter de stabilité géographique et administrative.

Comment procède le HCR ? Il faut d’abord comprendre que cet organisme ne fait pas que compter : il prend en charge ces populations. Il participe avec les États à la fabrication de catégories (réfugiés, demandeurs d’asile, déplacés internes) qu’il attribue ensuite sur le terrain aux personnes auprès desquelles il intervient. Ainsi, le HCR teste depuis le début de l’année des équipements biométriques enregistrant empreintes digitales, données sur l’iris et photographies faciales afin de sécuriser le lien entre l’identité des personnes rencontrées et le statut qui leur est accordé. L’agence de l’ONU présente ces équipements comme l’opportunité de leur redonner une identité administrative, garante selon elle d’un meilleur suivi et au final d’un comptage plus fidèle. Cette organisation internationale n’est ainsi pas seulement un observateur des effets des conflits et catastrophes, elle intervient sur le terrain pour qualifier administrativement des populations qui ont justement souvent perdu toute existence administrative.  

Vous avez aimé ? Partagez-le !