« Redresser la France »… Serait-elle penchée, comme la tour de Pise ? Ou carrément à l’envers, comme un nouveau-né qui se présenterait par le siège ? Faut-il la prendre par le cou, cette délinquante, et l’envoyer manu militari en maison de redressement ?

Jusqu’à l’âge de 18 ans, je ne la connaissais que par les livres. Loin de me décevoir, la découverte de la France a été pour moi un émerveillement, qui dure toujours. J’ai le bonheur de vivre dans un État de droit, un pays inventif, favo­risé par la nature, qui s’est considérablement ­enrichi et modernisé ­depuis un demi-siècle, et je ne ­comprends toujours pas les lamentations incessantes de ses enfants.

Entendons-nous : ce ne sont pas les plaintes, évidemment justifiées, des victimes du chômage ou de la précarité qui me surprennent, mais les commentaires désespérants, et parfois faussement affligés, des infatigables sonneurs de tocsin : à force de crier au feu à tout propos, ils finiront par provoquer un incendie. 

Va-t-elle si mal que ça, la France ? Tellement plus mal que les autres ? On entend dire à longueur d’année que c’est « le seul pays qui… », « le seul pays où… ». Le seul, vraiment ? Il faudrait obliger certains commentateurs à voyager un peu. 

Non, j’ai beau faire, je ­n’arrive toujours pas à considérer la France comme le pays des libertés étouffées, des dirigeants corrompus, du racisme ordinaire, du dynamisme en panne… Je ne dois pas être suffisamment intégré pour admettre que nous vivons dans une république bananière, un goulag, un champ de ruines. Pas suffisamment français.

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