Puisque Clemenceau est de rigueur (oh ! le vilain mot), ­détournons-le : la guerre économique est une chose trop sérieuse pour la confier aux économistes. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est un initié qui houspille sa confrérie, en la personne de Bernard Maris, Oncle Bernard pour les intimes de Charlie ­Hebdo. Tout prof d’université qu’il est, Maris laissera marris ses collègues quand ils ouvriront son dernier opus Houellebecq économiste (Flammarion). L’auteur d’Extension du domaine de la lutte serait selon lui le seul à avoir vraiment compris le libéralisme, la société de consommation, la ­compétition, la division du travail ou la destruction créatrice. Comme Monsieur ­Jourdain faisait de la prose, ­Houellebecq fait donc de l’économie. Parole de Maris.

Voilà qui enchantera tous ceux pour qui l’expression « littérature économique » renvoie à des équations, des courbes d’élasticité, des raisonnements abscons. L’économie, ce serait d’abord de la littérature. Nicolas Sarkozy le sait : il se targue d’avoir lu Balzac. Comme d’ailleurs ­Thomas Piketty, qui préfère la ­Comédie humaine à l’œuvre de Léon Walras, théoricien du marché et de la concurrence parfaite. Que doit faire ­François Hollande ? Dévorer ­d’urgence les écrivains du redressement ! Il est encore trop Guépard (« que tout change pour que rien ne change »), et trop peu Charlie – pas hebdo mais de Gaulle –, le plus écrivain de nos présidents, quand il notait : « Les Français, où qu’ils le cherchent, ont besoin de ­merveilleux. »  

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