80 000 candidats en moins aux baccalauréats général et technologique en 20 ans

Avec 87,9 % de candidats reçus cette année, le taux de réussite au baccalauréat atteint un nouveau record et tutoie désormais les 90 %. Cette nouvelle ne surprend personne : depuis trois décennies au moins, le ministère de l’Éducation publie presque tous les ans un taux légèrement supérieur à celui de l’année précédente. Le taux de réussite au baccalauréat était de 74,8 % en 1995 et de 65 % en 1984.

Chaque année, de nombreux commentateurs de tous bords brandissent cette statistique pour dénoncer la banalisation d’un diplôme en perdition, car supposément de moins en moins exigeant. Ce constat ne peut pourtant être conforté à la seule vue du taux de réussite, qui masque bien des transformations en cours. 

Simple ratio entre le nombre de reçus et le nombre de candidats à l’épreuve, cette statistique ne dit rien des jeunes dont le parcours scolaire s’arrête avant le baccalauréat. Dans l’hypothèse d’une dévalorisation du baccalauréat, il s’agit pourtant d’une donnée fondamentale : les candidats sont certes plus nombreux à réussir l’épreuve, mais sont-ils plus ou moins nombreux à s’y présenter ? Depuis vingt ans, le nombre de candidats au baccalauréat des filières générale et technologique baisse, en contradiction avec la thèse de la banalisation : de 560 000 candidats en 1995 à 480 000 en 2014. À l’inverse, la filière professionnelle, créée en 1985 à côté des deux précédentes, porte un nombre croissant de candidats au baccalauréat : 90 000 en 1995, contre 230 000 en 2014. Le dynamisme de cette filière est tel qu’il compense la contraction observée pour ses aînées et qu’il fait reculer la proportion de jeunes sortant du système scolaire sans diplôme. 

Les taux de réussite en hausse s’expliquent-ils par une meilleure orientation des élèves au sein des filières et par le développement d’une filière professionnalisante qui faisait auparavant défaut ? Une chose est sûre : autrefois sésame pour l’univer­sité, le baccalauréat opère une mue progressive qui transforme son rôle social et invalide les regards ­rétrospectifs trop hâtifs. 

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