Dans un coin de ce dessin griffonné à la hâte alors que je travaillais au Livre noir, j’ai ajouté une petite image de moi. Afin de me dérouiller l’esprit, de me mettre en train pour écrire, je laissais ma main zigzaguer sur le papier, tracer des lignes en forme de Z, de N, de M et beaucoup de galeries tournant sur elles-mêmes dans un endroit du cahier. Maintenant, des années plus tard, je trouve que cela est en parfaite harmonie avec l’univers de ce roman-labyrinthe peuplé d’étroites petites rues stambouliotes. Il existe dans Le Livre noir une grande influence des jeux illustrés présents dans les pages Devinettes et Rébus des magazines pour enfants tels Dogan Kardes ou Cocuk Haftasi que je lisais étant petit. « Indiquez à l’écrivain Orhan le chemin qu’il doit prendre pour sortir du dédale du Livre noir. » À l’instar de Galip, le personnage principal du roman, le lecteur aussi est invité à s’enfoncer dans cette forêt urbaine de mots et de signes. Dans ce dessin parti d’un simple gribouillage puis devenu image, l’écrivain Orhan semble gravir les marches avec optimisme. C’est avec le même optimisme que j’y ai inscrit les mots « Moi, Orhan », « Roman », « Entrée », « Sortie » – comme un enfant écrivant « bateau » sur le bateau qu’il vient de dessiner, ou comme ces jeux de parcours labyrinthiques qui se jouent avec un dé et pourvus d’une entrée et d’une sortie.

 

Traduit du turc par Valérie Gay-Aksoy

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