Les astrologues, unanimes, avaient prédit « une majorité écrasante » au président chamboule-tout. La position des planètes s’est confirmée, mais cela n’autorise pas les comparaisons hasardeuses. La nouvelle Assemblée n’a rien à voir avec la « Chambre introuvable » de 1815 : les députés macroniens ne sont pas des ultras, plus royalistes que le roi. Rien à voir non plus avec la « Chambre bleu horizon » de 1919 : l’uniforme des poilus ne sied pas aux fantassins de La République en marche !, qui se réclament autant du rose que de la couleur traditionnelle de la droite.

Comment baptisera-t-on cette Chambre inédite ? Arc-en-ciel ? Caméléon ? Colorless ? Nos commentateurs, qui ne savent plus parler qu’anglais, lui trouveront certainement quelque surnom pouvant être conjugué avec fake news, Penelope gate, Hollande bashing, Macron leaks ou storytelling…

La Constitution autorise le chef de l’État à dissoudre. Mais pourquoi balayerait-il une Chambre aussi confortable ? Cela dit, si une majorité trop étroite fait accoucher les lois au forceps, une majorité trop large risque d’enfanter des chapelles. Les députés macroniens sont invités à marcher du même pas. La majorité présidentielle doit être stable : on y entre et on y reste, ce n’est pas une maison de passe. Il lui faut de la discipline (pas de frondeurs), mais un minimum d’esprit d’initiative (pas de godillots). On la veut solidaire (pas de Chambre à part) et compréhensive (pas de Chambre d’accusation).

Restera de toute façon une autre majorité à gérer, loin du palais Bourbon : celle qu’on appelle la majorité silencieuse, et qui demande bruyamment à être entendue. 

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