Madame, Monsieur

Issu(e) de la société civile, vous venez d’être nommé(e) ministre. Félicitations. Veuillez cependant bien noter ceci : 1) Le fauteuil rehaussé de dorures qui vous a été livré appartient au Mobilier national. Ne vous y attachez pas : c’est un siège éjectable. Certains de vos prédécesseurs, explosés en vol, n’y avaient pas tenu deux semaines.

2) Une voiture de fonction vous a été allouée. Asseyez-vous à l’arrière, si ça vous chante, ou à la place du mort. Mais ne cherchez pas à prendre le volant. On vous demande de conduire une politique, pas une Peugeot 508. Ou alors de vous laisser conduire là où cela a été décidé en haut lieu.

3) Depuis votre entrée au gouvernement, vous avez quitté la société civile. N’imaginez pas pour autant que vous faites partie de la classe politique : elle est fermée aux amateurs. Désormais, vous n’êtes ni d’un bord ni de l’autre. Ce qui, après tout, est le lot de la plupart de vos concitoyens.

4) Votre nomination est due, pour une part, à votre méconnaissance des rouages de l’État. Cette virginité, qui était un atout dans votre CV, devient un handicap au gouvernement. Il vous manque un carnet d’adresses et des camarades de promotion. Vous êtes prié(e) d’acquérir sur le tas ce que d’autres ont appris à l’ENA.

5) Sans doute souffrez-vous déjà des lourdeurs de la tâche. Pas de panique : le cabinet est destiné à vous soulager. N’oubliez pas que le vrai ministre, c’est lui. Respectez-le. Vous ne faites que passer. Bichonnez-le. Et, le moment venu, lorsque vous serez remercié(e), prière de le laisser dans l’état où vous l’avez trouvé en entrant. 

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