En Égypte, avant d’affronter les redoutables cavaliers mamelouks, Bonaparte lance à ses soldats : « Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent. » Mais qu’a-t-il dit exactement ? De cette harangue, entrée dans les manuels d’histoire, nous avons une demi-douzaine de versions différentes. N’a-t-elle pas été fabriquée quelques années plus tard pour servir la propagande du Premier consul ? La « bataille des pyramides » ne s’est d’ailleurs pas déroulée au pied des fameux monuments, mais à treize kilomètres de là…

On sait que l’histoire n’est pas une science exacte. De là à lui faire dire n’importe quoi… Chaque année, des enseignants s’arrachent les cheveux en corrigeant les copies du bac. De toutes les matières, c’est l’histoire qui produit les perles les plus précieuses. Un lycéen affirme que « la guerre de Cent Ans a duré de 1914 à 1918 ». Un autre a compris que « les papyrus sont des surnoms que l’on donne aux vieillards de Russie ». Un troisième que « les rois de France se faisaient sacrer à Reims pour avoir le champagne moins cher ». C’est à se demander si des correcteurs n’en rajoutent pas. 

Les humoristes, eux, adorent réécrire l’histoire. Jamel Debbouze en a même fait une série télévisée. Mais cet exercice suppose un héritage scolaire commun, un minimum de culture historique de la part du public, qui revit ainsi son enfance. Fausses perles et vrais bijoux finissent par se confondre. Dans La Foire aux cancres, best-seller publié en 1962, Jean-Charles attribuait à un écolier cette définition impeccable : « Henri IV fut tué dans un accident de voiture par un fou nommé Cadillac. Celui-ci fut écartelé par une Quatre-Chevaux. » 

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