Si on a pu rapprocher Emmanuel Macron et Valéry Giscard d’Estaing, ce n’est pas seulement pour leur jeunesse lorsqu’ils ont accédé au pouvoir suprême. C’est la volonté de VGE de dépasser les clivages traditionnels de la droite et de la gauche qui en fait le précurseur du créateur d’En Marche ! « La France souhaite être gouvernée au centre », déclarait Giscard dès 1972. Quatre ans plus tard, alors président en exercice, il revint sur cette conviction que la société réelle était loin des schémas de la vieille politique. « Les Français verront leurs problèmes tout autrement le jour où ils verront la France, la société française, comme constituée par un grand groupe central avec des ailes, au lieu d’avoir l’idée qu’elle est constituée par deux blocs antagonistes. » 

On connaît la suite. L’homme qui voulait regarder la France au fond des yeux fut éconduit au terme d’un unique septennat, battu par François Mitterrand en 1981. Mais en 1984, espérant revenir sur le devant de la scène en refermant ce qu’il appelait « la parenthèse socialiste », l’ancien chef de l’État publia un essai au titre évocateur : 2 Français sur 3. « L’objet de ce livre, expliquait Giscard : concevoir un dessein national conciliant la générosité et l’efficacité, et répondant aux aspirations de deux Français sur trois. Je veux servir la cause d’une France libérale et réconciliée. » À ceux qu’on appelait déjà « les déçus du socialisme », il proposait de se regrouper dans un seul mouvement qui aurait repoussé les extrêmes de tous bords. « Une idée similaire à celle des progressistes de gauche et de droite d’Emmanuel Macron », notait récemment Gérard Grunberg, politologue spécialiste de la gauche.

Vouloir renverser un système dont il était lui-même issu, s’affranchir du gaullo-pompidolisme comme Macron a voulu rompre avec le socialisme partisan, le parallèle entre les deux présidents à quarante ans d’écart est troublant. « Si je vous dis : créer les conditions d’un rassemblement large de la classe moyenne pour un projet de libéralisation de la société française, vous hésitez… Est-ce Valéry Giscard d’Estaing dans les années 1970 ou Emmanuel Macron en 2017 ? » demandait en février le politologue Thomas Guénolé à nos confrères de La Tribune de Genève. Réponse ? Giscard ! Emmanuel Macron, lui, n’était pas né ! 

 

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