Hamon ou Mélenchon ? Le Pen ou Fillon ? Macron ou Hamon ? Fillon ou Macron ? Vote blanc ou abstention ? Les figures de l’hésitation prennent mille formes depuis quelques semaines. Nous sommes allés à la rencontre de ces indécis. Témoignages.

 

Stanislas Chenu, 30 ans, juriste, Paris

Au premier tour, je mettrai un bulletin pour François Fillon. Sauf revirement ou nouvelles informations. J’en suis sûr à 80 %. Mais s’il tire trop à droite, je sanctionnerai. Des propositions comme l’abaissement de la majorité pénale à 16 ans m’irritent. Mon curseur, ma barrière, c’est le respect de l’autre, la tolérance et, surtout, de protéger l’Union européenne. Je reste persuadé que les soixante-dix ans de paix sur notre continent sont le fruit de la construction européenne. C’est la grande différence entre l’extrême droite et la droite. Je m’inscris dans une droite française traditionnelle, une droite sociale. Je ne suis pas partisan d’un libéralisme à l’américaine, où les plus faibles ne bénéficient d’aucune protection.

La politique menée depuis cinq ans n’est pas la bonne. Il faut moins de charges pour les entreprises et plus de compétitivité pour relancer la croissance et favoriser l’emploi. Seul un programme de droite peut le faire et je pense que celui de Fillon est le bon. En même temps, j’ai du mal à me faire à l’idée de voter pour un homme qui a très probablement tapé dans la caisse. 

Je dois dire que je ne suis pas non plus insensible à la candidature de Macron. L’idée est intéressante. Dès les premiers jours de son mouvement, j’ai consulté son site Internet. Son programme est plutôt libéral et progressiste, à même de favoriser une reprise de l’activité et de baisser le chômage. Mais ce qui me gêne chez lui, c’est son manque d’expérience. Je doute également de ses convictions. Son discours est flou. J’ai du mal à faire confiance à un homme politique qui rassemble autour de son projet Robert Hue, ancien secrétaire national du Parti communiste, et François Bayrou. La force et le problème de Macron, c’est sa parfaite maîtrise de la langue française. Son discours est doux à l’oreille, mais après coup, on s’interroge sur le fond de sa pensée. Et en même temps, s’il y a un argument de poids en faveur d’Emmanuel Macron, c’est sans aucun doute le renouvellement de la classe politique qu’il propose et qu’il incarne. Un jeune nous ferait du bien. Je ne supporte plus cette vieille génération de politiciens qui s’accroche au pouvoir. 

MAHIR GUVEN

 

Aurélie Sykes, 29 ans, commerciale, Paris

Je ne crois plus dans notre système de partis binaire gauche-droite. Je me retrouve un peu au milieu, sans me considérer du centre pour autant. Je me sens concernée par les questions écologiques et sociales, mais économiquement je penche, enfin je penchais, plus à droite. Je le dis au passé parce que je ne me retrouve pas dans la politique économique de Fillon. C’est la droite dure, trop austère. En gros, je suis de la gauche caviar, celle de DSK. Une politique économique de droite et un cœur à gauche. En France, on fait passer les réformes sociales par la gauche et les réformes économiques par la droite. Pourquoi un seul camp ne pourrait pas faire les deux ? Ce n’est pas incompatible. Obama y est bien parvenu d’une certaine manière.

Au début, je me suis beaucoup intéressée au mouvement En marche ! Je voulais m’engager pour Macron, je me disais que c’était l’outsider qui allait apporter une vision différente, amorcer la fin du système des partis. Mais je me suis désolidarisée quand il a commencé à faire rentrer des politicards. Et à la lecture de son programme, j’ai pris conscience qu’il n’était pas du tout à la hauteur de ce qu’il avançait. Son projet est réel mais il n’est pas applicable en cinq ans. Son programme est purement marketing : les mesures sont là, mais pas les chiffres. Alors il y a Hamon, dont le programme très à gauche ne me ressemble pas, mais qui est un vrai humaniste et qui se présente pour les bonnes raisons. En 2012, j’avais voté à droite pour des raisons économiques. Mais aujourd’hui, le contexte est différent. La crise n’est plus économique, elle est sociale, et je ne veux pas d’un candidat qui creuse le fossé entre les migrants et le reste de la France.

Cela dit, d’un point de vue purement pragmatique, je pense que Le Pen va être élue face à Fillon, qui fera sûrement un meilleur score que ce que l’on dit : les élites des villes sont séduites par Macron, mais il ne faut pas oublier que c’est la campagne qui vote. Et après le quinquennat de Hollande, elle va voter à droite. Mais si c’est Macron qui passe au second tour, il a ses chances de gagner, contrairement à Hamon. Donc je pense que je vais voter pour Macron de manière stratégique. Je suis passionnée par la politique et dégoûtée de devoir voter sans conviction. 

MANON PAULIC

 

Jacqueline, 80 ans, institutrice à la retraite, Marseille

J’hésite encore tellement que j’en ai le tournis. Vivement que cela se termine, sinon je ne pourrai plus marcher droit ! Je n’ai aucun complexe à me revendiquer de droite. Mais pas Front national, notamment à cause de sa politique anti-européenne. Je sais qu’une sortie de l’euro serait catastrophique pour la France. J’ai voté Sarkozy en 2007 avec beaucoup d’enthousiasme. En 2012, en revanche, j’étais déjà beaucoup plus circonspecte. Je n’aimais pas le bling-bling, les affaires, la nervosité du personnage. Et puis, il n’avait pas fait grand-chose quand il était au pouvoir. Mais j’aimais encore moins François Hollande. Pour ne pas avoir Sarkozy, je m’apprêtais à voter Juppé au premier tour de la primaire. Sans enthousiasme. Quand j’ai compris que Fillon pouvait gagner, je me suis totalement rangée dans son camp. Oui, Fillon, c’était exactement ce que je souhaitais : sobre, honnête, catholique, avec un vrai programme de changement. 

Les révélations sur le salaire de sa femme et de ses enfants, sur ses costumes m’ont ébranlée. Je n’aurais jamais cru cela de lui. Même si les médias ont sans doute exagéré. Alors, j’ai cherché ailleurs. Pourquoi pas Macron ? J’ai été sensible à sa jeunesse, son talent, son engagement européen. Mais, en tant que pied-noir, j’ai reçu comme une gifle ses déclarations à propos de la colonisation. Même s’il a mis ensuite de l’eau dans son vin, je n’ai pas pu digérer cette accusation de crime contre l’humanité. Et puis, tous ces socialistes qui se rallient à lui, cela ne me plaît pas beaucoup. Que faire, alors ? Je partage certaines idées de Dupont-Aignan, mais je le trouve quand même un peu prétentieux. Et puis, il n’a aucune chance. Je ne veux pas non plus m’abstenir ou voter blanc car je trouve ce retrait pas très courageux. Il faut prendre ses responsabilités. Parfois, je me demande si je ne voterai pas quand même Le Pen au premier tour. Pour dire qu’il faut absolument une politique plus musclée de lutte contre la délinquance. Mais pas au second tour. Et pourquoi pas Fillon ? Son programme reste le meilleur et il a avoué ses fautes. À moins que mes enfants, qui en tiennent pratiquement tous pour Macron, parviennent à me convaincre. Bref, je ne sais toujours pas pour qui voter.

JOSÉ-ALAIN FRALON

 

Charles, 28 ans, banquier d’affaires, Londres

Je pensais voter FILLon. J’hésite maintenant avec Macron. Comme beaucoup de personnes de ma génération, je suis assez favorable au renouveau qu’il incarne. Il prône une forme d’alternative : il te dit qu’on a le droit de penser en dehors du paradigme politique gauche-droite que l’on t’a toujours imposé. Mais le problème, c’est qu’il représente un peu le choix par défaut. Il est bon en com’ : il sait envoyer le bon message au bon moment et cacher son passé – l’époque où il était proche du Parti socialiste et ses années dans le gouvernement de Valls (quand bien même je vois de manière positive son expérience de banquier d’affaires chez Rothschild, contrairement à beaucoup). Je ne pense pas qu’il ait la discipline de Fillon en matière de finances. Je crains surtout que, comme beaucoup de candidats et précédents présidents, il soit du genre à promettre la lune et, une fois élu, à s’excuser de ne pas pouvoir financer ses réformes. Je redoute qu’il manque d’une forme de pragmatisme dans son discours. C’est typiquement français… Au Canada, où j’ai vécu quelques années, les gens rêvent aussi d’un système social idéal, mais ils comprennent la réalité d’un budget. Dans les précédents débats, Fillon, lui, n’a pas eu peur de regarder droit dans la caméra. Ironiquement, son discours est beaucoup plus honnête, ou réaliste, que celui de Macron. C’est apparu assez clairement dans le premier débat télévisé de mars. Enfin, Macron se présente comme un candidat anti-système, quand bien même il a été secrétaire général adjoint au cabinet de Hollande avant de passer presque deux ans au ministère de l’Économie. Je n’ai pas envie de voter pour quelqu’un qui va se retrouver cul nu aux législatives, un mec trop à droite pour la gauche et trop à gauche pour la droite. 

Donc soit je vote pour Fillon, un gars que je n’aime pas en tant qu’homme mais qui composera un gouvernement et un programme qui me convient. François Fillon, c’est un peu ton cousin chiant, celui qui n’a jamais fumé de chichon, qui ne fait pas beaucoup de sport mais qui fait le travail. Si je vote pour lui, ce dont je suis sûr à 50,1 %, je vote avant tout pour Les Républicains et pour un programme cohérent et une majorité à l’Assemblée. Soit je vote Macron, un personnage qui me plaît un peu plus, qui a de bonnes idées, qui est sensé dans son discours de politique sociale, mais avec qui on risque de retrouver une cohabitation et de bousiller encore cinq ans. C’est le grand risque, avec notre système actuel. 

M.P.

 

Antoine, 35 ans, ingénieur en informatique, Paris

Je souhaite que des forces de gauche gagnent. Lors des élections précédentes, j’ai souvent voté pour le PS, le parti historique, parfois pour les Verts. Hamon représente en quelque sorte la facilité. Mélenchon, non. Certaines de ses idées me semblent problématiques, mais j’ai envie de sanctionner le PS qui a mis en place la loi El Khomri. Hamon prétend vouloir l’abroger. Est-il honnête ? Est-ce un calcul ? On peut penser que les députés socialistes qui ont soutenu le texte l’en empêcheraient.

Chez Mélenchon, ce qu’il déclare au sujet de l’Europe est inquiétant. Pourrait-il vraiment renégocier les traités ? Une sortie de l’UE serait une catastrophe. Faire de l’euro une monnaie commune plutôt qu’une monnaie unique… Qu’est-ce que cela donnerait ? Je suis sceptique. Je travaille dans un secteur où les marchés sont plutôt ouverts. Isoler la France, je ne vois pas ça comme une bonne chose. Et certaines annonces me paraissent fantaisistes. Par exemple, l’idée qu’on créerait 300 000 emplois grâce au littoral. On voit mal comment. C’est un peu démagogique. Je m’interroge aussi sur le ton qu’il emploie, certaines expressions : « mettre au pas la finance », qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Imprimer une cadence à l’économie ? Pour moi, il faut juste donner des règles, un cadre strict.

La dégringolade de Hamon nourrit malgré tout mon hésitation. Je me dis qu’il faut peut-être pousser Mélenchon pour que la gauche s’affirme. Pourtant, j’ai du mal à me fier aux sondages. Le Pen est-elle vraiment si haut ? Et Macron, qui a été l’inspirateur de Hollande sur plein de points ? Les médias le soutiennent de manière flagrante alors qu’ils cassaient Hollande… Cela laisse perplexe. Et puis, à mes yeux, la droite et la gauche sont des réalités. 

Mais la principale bizarrerie de la campagne, c’est la faiblesse du PS. C’est pourtant la première fois que, à gauche, on a des programmes originaux qui sortent des obsessions habituelles : la croissance, la réduction des coûts… Macron incarnerait la modernité, mais c’est un jeune vieux. Il rappelle Giscard. Hamon, lui, représente un vrai renouveau. Le problème, c’est le parti socialiste.

En tout cas, si aucun de ces candidats n’est au second tour, il y a de fortes chances pour que je vote blanc, même si Le Pen est présente. Pourquoi ? J’ai tendance à penser que, comme aux États-Unis avec Trump, les contre-pouvoirs seraient assez forts pour nous permettre d’éviter le pire. 

MARTIN MAUGER

 

Annie, 54 ans, Femme de marin, Morbihan

Je ne sais pas du tout pour qui je vais aller voter. Je n’ai confiance en personne. C’était Fillon, mais ce qu’il a fait avec l’argent, c’est honteux. Alors maintenant, je ne sais plus. Marine Le Pen, c’est bien parce que c’est le changement, mais son programme n’est pas concret. Tu lui poses une question, elle va te répondre sans aller jusqu’au bout… Hamon, il n’a pas l’envergure d’un président. Mélenchon, c’est physique, j’peux pas. Alors peut-être Macron… Mais Fillon, il aurait réussi sans son bazar qu’il a foutu. Comment peuvent-ils ne pas avoir honte ? Ils sont là pour montrer l’exemple. Ils n’ont qu’à acheter leur bifteck, payer leurs factures, leur électricité, ils verront ce que c’est que l’argent. Vraiment, c’est odieux. Ils ne comprennent pas parce que tout est gratuit pour eux. 

Il faut du changement maintenant, surtout pour les jeunes. Ils ne peuvent pas investir, les jeunes, parce qu’ils sont en stage ou en intérim. Ils ne sont pas sûrs de leur travail. Nous, on était sûrs, à l’époque… Je vais aller voter mais je ne sais pas pour qui. Je vais peut-être avoir le déclic au dernier moment. 

M.P.

 

Maëlle Ripoche, 21 ans, étudiante, Nantes

C’est mon premier vote présidentiel et j’hésite entre voter Hamon et voter blanc, même si je pense à 60 % donner mon vote à Hamon. Le vote blanc est un vrai choix, c’est reconnaître que l’ensemble de la vie politique ne nous correspond pas, qu’on ne nous propose pas de solution. C’est pour ça qu’il fait peur à tous, moi y compris. Et puis il n’est pas pris en compte, pourtant je crois que c’est un des premiers partis de France… Ça veut bien dire qu’on refuse d’admettre qu’il y a un problème. 

Je me sens proche de Hamon car il a été frondeur et en désaccord avec les idées de Hollande. Si ça avait été Valls par exemple, je n’aurais pas voté PS, alors que j’ai toujours voulu soutenir ce parti. Mais Hamon ne me convainc pas entièrement non plus, son discours est le même que celui des candidats précédents. Ce qui me dérange, c’est l’image de l’homme politique miracle qu’il donne : il manque d’humilité. Le changement grâce à un seul homme, on n’y croit plus ! La politique ne devrait plus être un métier en soi, les tâches devraient être déléguées aux citoyens. Et puis la déchéance de nationalité m’a déçue. Même si ça n’a rien à voir avec Hamon, j’ai envie de tous les mettre dans le même sac, et donc de préférer le vote blanc pour protester contre ce qu’est devenu le PS. 

JULIA GLEY

 

Alex, 25 ans, responsable marketing digital, Hambourg

J’ai grandi dans une famille d’enseignants de gauche votant PS. Naturellement, j’ai commencé à voter comme papa et maman. Au fil de mes études en école de commerce et de mes expériences à l’étranger, en Allemagne et en Russie, j’ai commencé à réfléchir par moi-même. Aujourd’hui je me positionne d’abord comme européen. Dans cette campagne, j’ai tout de suite été convaincu par Hamon. Frondeur durant le quinquennat Hollande, il m’est apparu comme le seul candidat avec un projet pour le futur et pas seulement un plan quinquennal. Je crois à la sincérité de son engagement écologique et j’apprécie sa bienveillance. Seul hic, il ne parle pas anglais. 

La question du revenu universel m’a beaucoup intéressé. Elle change le rapport au travail, à la croissance et à l’environnement. Une mesure ambitieuse qui transforme toute la société. 

Depuis un mois, Hamon s’est fait continuellement pilonner : sur la crédibilité de son projet, sur le revenu universel, par les défections au PS. Chacune de ses interventions, notamment dans le débat, a été critiquée durement dans les médias alors que je les trouvais de qualité. Là-dessus les mauvais sondages s’enchaînent, Mélenchon monte et apparaît sur les réseaux sociaux la question du vote utile. Et le doute s’installe. L’élection de Macron serait triste mais moins grave. Je réfléchis donc à un vote utile de gauche, ce qui pour moi exclut Macron. 

Cependant la dimension autoritaire et égocentrée de Mélenchon me dérange. Et son slogan « La France insoumise » qui donne envie de chanter La Marseillaise, je trouve ça gerbant. Reconstruire la France contre les autres, c’est un peu une idée FN. Alors que chez Hamon, la construction se fait avec les autres autour d’un projet européen commun. Mais, au-delà de son personnage, je trouve que le reste des idées de Mélenchon fait sens, notamment le changement de République et la transition écologique radicale. 

J’aimerais qu’ils fusionnent leurs candidatures même s’ils ne le feront pas. Finalement, je pense rester fidèle à mon adhésion au programme et à la personnalité de Hamon et ne pas me laisser influencer par mon fil d’actualité Facebook. Sauf si Hamon s’effondre et si Mélenchon est en mesure d’accéder au second tour… 

PIERRE VINCE

 

Olga, 25 ans, chefde projet web,Nantes

J’ai grandi dans une famille engagée à gauche. Je reste fidèle à ce courant malgré la déception du quinquennat Hollande. J’étais gonflée d’espoir en 2012 mais la déchéance de nationalité a été une vraie rupture. Une trahison des idées de la gauche. À trois semaines des élections, j’hésite beaucoup entre Mélenchon et Hamon. Je considère que la primaire donnait de la légitimité à sa candidature et j’ai reproché à Mélenchon de ne pas se rallier à ce moment-là. Sans être fan, je crois à la sincérité de Hamon mais il manque sans doute de carrure. Si leurs projets sont proches, la radicalité et la détermination de Mélenchon me semblent une nécessité pour réussir une politique de gauche. Cependant le personnage me gêne. Et son attitude face aux médias me fait penser à celle de Marine Le Pen. Avec sa personnalité, je doute qu’il s’efface une fois la nouvelle Constitution adoptée. Étant née européenne, sa volonté de renégocier les traités au risque de quitter l’Union européenne ne me semble pas une bonne idée. 

Aujourd’hui je suis très partagée. J’incline peut-être un peu plus vers Hamon mais si Mélenchon est en position de passer au second tour, il est tout à fait possible que je vote pour lui. 

P.V.

 

Thomas Lorthois, 25 ans, commercial, Nantes

Il y a quelques mois encore, je n’avais aucune hésitation : j’allais voter Front national et Marine Le Pen. Puis d’autres candidats ont fait leur apparition, Macron, Hamon ou encore Fillon. Et ceux que personne ne connaît à quelques mois des élections : Poutou, Asselineau… C’est alors que je lis le programme de Dupont-Aignan, je me mets à l’écouter, à le suivre lors de ses apparitions télévisuelles. J’avoue que ses idées sont plutôt bonnes. Je trouve qu’il a la prestance d’un président.

Pour moi, il est un peu comme Marine Le Pen en moins extrême au niveau des idées, et ça, ça me plaît ! En effet, quand on vote Front national, on est très vite considéré comme raciste ou homophobe car bon nombre de militants Front national se comportent ainsi. Pour être franc, il me semble que la France a besoin de changement, et il ne se fera qu’avec un renouveau important. Un Macron, ou Hollande caché ? Un Fillon, ou Sarkozy caché ? Non, je pense qu’il ne faut pas refaire les mêmes erreurs que ces dix dernières années. Ils ont essayé, et ont échoué… 

J’hésite donc aujourd’hui entre Dupont-Aignan et Le Pen. Sur le fond des idées, limiter le passage des frontières françaises est important pour moi, mais Le Pen est trop dans l’extrême ! Dupont-Aignan veut de la fermeté, mais à un degré moindre que le Front national. Sur l’euro, un retour au franc comme le propose le Front national ne me semble pas la meilleure idée… Dupont-Aignan propose une alternative plus raisonnable, selon moi, en réévaluant l’euro en fonction des pays. Ce ne sont que deux propositions de ces partis. Beaucoup d’autres les opposent… 

Je me dis qu’il est peut-être intéressant de voter Dupont-Aignan au premier tour et de voter Le Pen au second, car il sera difficile pour Dupont-Aignan d’y accéder. Mais imaginons que le second tour oppose Macron à Fillon : j’aurais fait l’erreur de penser que Le Pen était sûre de passer… J’hésite donc encore entre les deux. Il me reste quelques jours pour me décider. Vivement un débat opposant ces deux candidats pour me fixer. 

JULIEN RIZZO

 

Grégoire Levisalles, 26 ans, chargé d’étudesdans le bâtiment historique, Yvelines

Aujourd’hui, notre panel de politiques ne représente presque plus personne. On se sent obligé d’aller voter pour ne pas laisser n’importe qui passer, mais on choisit par défaut. Je préférerais voter par conviction, mais il faut absolument empêcher Marine Le Pen de passer. J’hésite, pour le premier tour, entre Macron et Mélenchon car ils incarnent tous les deux la nouveauté, en un sens. Je trouve intéressant le personnage de Macron et le renouveau qu’il peut apporter. Le problème, c’est qu’il est en train de récupérer tous les anciens des différents partis et qu’il va ramasser plein de casseroles. C’est bête, mais ce qui me fait pencher vers lui, c’est aussi ce qui me rebute : il rassemble des électeurs de tous bords. Ça me dérange… Et puis ses promesses, on ne sait pas comment il va les financer. Mélenchon est là depuis longtemps, mais il propose une VIe  République. C’est le plus citoyen de tous les politiques, c’est celui qui veut remettre la politique entre les mains des Français. Il propose de mettre en place le droit de révocation des élus en cours de mandat : on pourrait éjecter quelqu’un si l’on n’est pas content de lui. 

Dans cette campagne, on parle surtout des problèmes économiques, mais on fait quoi des problèmes de demain, en matière de santé et de pollution par exemple ? C’est hyper important. Mélenchon a raison de s’y intéresser. Beaucoup de gens sont conscients de cela en France. Mettre en place un référendum citoyen serait un moyen de placer ces enjeux au centre du débat, puisque cela permettrait à un vote citoyen de faire émerger une loi. 

M.P.

 

Élodie, 30 ans,commerciale,Paris

Je suis écœurée de ce que font les politiques depuis des années. Encore plus depuis que je bosse et que je paie des impôts. On a un salaire de misère que le gouvernement ponctionne. Quand on voit l’incompétence et la corruption de ceux qui nous gouvernent, ce qu’ils font de l’argent public… 

Lors de la précédente élection, je voulais que Sarkozy dégage. Sa personnalité est indigne et le mépris qu’il a manifesté à l’égard du petit peuple, inadmissible pour sa fonction. Là, j’éprouve vraiment un dégoût général. Les campagnes s’américanisent, et toutes ces affaires qui sortent en ce moment, on se demande pourquoi. C’est un vrai marasme. Ils sont en train de dessiner un boulevard pour Marine Le Pen et ses idées nauséabondes. Son programme est aberrant, irréalisable… Revenir au franc, par exemple. Je ne voterai jamais pour elle. Elle représente la scission, le clivage incarné, et nie le caractère métissé de la France. Alors quelles options ?

Je suis partisane du vote utile, même si c’est problématique par rapport aux petits candidats. L’idée est de voter pour le choléra plutôt que la peste – Le Pen. Lors de la précédente présidentielle, j’ai voté blanc aux deux tours, pour la première fois. Mais si Le Pen arrive à se qualifier, clairement, j’irai voter contre elle. Quel que soit le candidat.

Pour l’instant, parmi les cinq favoris des sondages, aucun n’est convaincant. Pour des raisons très différentes. Fillon ? Surtout pas. Lui et Le Pen, je ne vais certainement pas m’attarder sur leurs programmes. 

Macron, ce n’est pas beaucoup mieux. J’ai regardé ce qu’il propose. Tout n’est pas totalement absurde, mais il a commencé par un abandon de poste, une trahison… alors qu’il était censé servir les Français, la République. En même temps, ce poste, c’est sa seule légitimité pour se présenter… Enfin, la situation est tellement désespérante qu’on n’a pas envie de s’y intéresser. En réalité, j’ai du mal à me sentir impliquée.

Mélenchon, on l’imagine difficilement tenir tête à Poutine ou à Trump, quoiqu’il ait de bonnes idées au niveau intérieur. Et puis, s’il semble s’être assagi, je me souviens que, il y a encore deux ou trois ans, c’était une espèce de roquet qui s’exprimait de manière très agressive. Il me révulsait. Un président doit être calme, exemplaire. Pas comme Sarkozy. DSK paraissait pouvoir faire un bon président, mais vu ce qui s’est passé… Pour revenir à Mélenchon, je me dis qu’il doit être mieux entouré, mieux conseillé aujourd’hui… 

Quant à Hamon, je regrette que son parti ne le soutienne pas davantage. C’est l’un des plus sympathiques. Malheureusement, il n’est pas crédible. Les trois autres le sont plus, mais je n’aime pas leurs idées. 

L’abstention ne me semble pas une option, même si je ferais aussi bien, puisque les votes blancs ne sont pas comptés. Il est possible que je mette un nom dans l’enveloppe, mais ce sera une impulsion de dernière minute. 

M.M.

 

Pauline Rebours, 22 ans, étudianteen master de droitsocial, Sceaux

Pendant la campagne présidentielle, les candidats préfèrent se taper dessus, chercher des erreurs dans le passé des autres… Finalement, ils ne parlent pas des idées. Il y a trop de polémiques pour peu de concret. Je n’ai pas regardé le débat du 20 mars parce que je ne trouve pas ça normal qu’ils n’invitent pas tout le monde. Même si c’est compliqué avec onze candidats, les personnes indécises pourraient s’y retrouver. 

Par contre, je veux voter, je ne peux pas m’abstenir, ce n’est pas possible. J’ai le droit de vote, donc je vais voter. C’est un devoir plus qu’un droit pour moi. Si je vote blanc, ça va profiter à Marine Le Pen. Et puis, je veux pouvoir protester contre le président. Si on ne vote pas, on ne peut pas se plaindre. Je pense que je vais finir par voter pour un parti plus que pour un candidat.

 J.R.

 

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