La gauche est l’alliance de ceux qui ne possèdent que leurs bras et leurs cerveaux. Ni capital, ni terre, ni ordres religieux ou militaire. Des femmes et des hommes voulant porter leurs vies, des travailleurs et des intellectuels, donc, cherchant ensemble un chemin, un sens, un destin et un avenir. Or, durant ces quarante dernières années, les ventes moyennes d’un essai sur les questions de société sont passées de 1 600 à 700 exemplaires. L’aura de la pensée a reculé. Le désir de connaître et de comprendre a cédé. Et les forces invisibles de l’argent, chères à François Hollande, ont favorisé une société du divertissement et de l’information immédiate. La vérité elle-même est devenue une idée relative. Alors les leaders de la droite en appellent au pape, le chef d’état-major des armées s’exprime dans les médias, les propriétaires des tuyaux de la révolution numérique rachètent et standardisent les contenus.

Les défaites de la gauche s’appellent fin de l’éduction populaire, fossilisation des syndicats, transformation des partis en entreprises d’apparatchiks. Les trotskismes ont davantage fourni de cadres que le militantisme de terrain.

Or le monde change à une telle vitesse que les travaux de la pensée, du militantisme, du débat citoyen doivent être permanents pour en saisir le mouvement. L’espace et le temps où Marx a pensé, Jaurès agi, ou même François Mitterrand gagné le pouvoir, sont derrière nous. La Terre est devenue une unité carcérale limitée et visible à chaque instant, le temps est en expansion de durée et de vitesse. Nous sommes entrés dans cette « civilisation des vies complètes » dont parlait Jean Fourastié à l’oreille du général de Gaulle. Elle favorise l’individu, la mobilité, l’entreprenariat, et construit une société en archipel là où la gauche ânonne une culture de classe et de statut ou, pour faire moderne, cède à des lobbies défenseurs des diversités, qui portent de justes causes, mais oublie le commun à réinventer. Reprenez le chemin des librairies, invitez des intellectuels dans vos débats électoraux, cessez d’écrire de faux livres pour faire genre. Vous n’êtes que des acteurs de la scène politique. Ne vous prenez ni pour le metteur en scène ni pour l’auteur. Et la gauche reverdira. 

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