Coco Chanel, qui s’y connaissait en économie, l’avait dit avant tout le monde : « La mode, c’est ce qui se démode. » À la foire des mots, certains se dévaluent aussi pour avoir trop servi. Mondialisation par-ci, pour dénoncer les excès du libéralisme, mondialisation par-là, pour fustiger la finance folle. La mode a passé de la mondialisation heureuse. Place à la collection dernier cri, saison 2017. Nom de code ? Dé-mon-dia-li-sa-tion. Le monde, c’est ce qui se « démonde », où plutôt, ce qui se démondialise. Avons-nous des synonymes au dictionnaire des idées reçues ? Oui, et ils foisonnent selon qu’on chausse les lunettes de l’anticapitalisme, du protectionnisme ou de l’isolationnisme, autant de termes d’allure anodine mais qui s’incarnent en d’inquiétantes figures. Voilà le trumpisme, le brexisme, et chez nous le marinisme ou le mélenchonisme, tous réunis dans un bain idéologique aux effluves populistes. Démondialiser, disent-ils, comme pour exorciser les démons de la mondialisation. Le réel est pourtant plus grand que les places fortes, les clôtures et les prés carrés. Il est aussi plus stimulant que l’invitation frileuse au repli sur soi. Alors, que met-on derrière ce mot de démondialisation, sinon l’addition de nos peurs, de nos rancœurs et de nos défaites ? Encore un effort et l’Europe effrayée par son ombre finira par se refermer sur elle-même, pour mieux se regarder mourir. 

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