« La République, c’est la liberté d’expression », lançait François Hollande le 7 janvier 2015, quelques heures après l’attentat contre Charlie Hebdo. Proclamée dans l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, cette liberté est aussi gravée dans l’article 1 de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 : « L’imprimerie et la librairie sont libres. » Principe intangible que nul n’ose remettre en cause. Pourtant cette liberté fondamentale ressemble de plus en plus à un vieux costume. Il ne se déchire pas mais, ici ou là, les coutures souffrent. Le classement mondial sur la liberté de la presse publié chaque année par Reporters sans frontières en témoigne : en 2016, la France y passe d’une 38e place peu reluisante à la 45e ! De nombreux critères entrent dans ce classement. Cette reculade tient notamment à la nouvelle loi sur le renseignement adoptée en 2015 dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. À son débit, le gouvernement est moins innocent qu’il ne le dit dans le changement à la tête de France Télévisions. Il est aussi soupçonné d’avoir poussé à la création d’une chaîne publique d’informations pour contrebalancer BFMTV, sans jamais, depuis 2012, avoir été pris la main dans le sac de l’ingérence.

Une autre question s’est imposée au fil des ans : la prise de contrôle des médias par de grands industriels. On pourrait les appeler les Big Five : Bernard Arnault, patron de l’empire du luxe LVMH, des Échos et du Parisien ; Serge Dassault, grand patron dans l’armement, propriétaire du groupe Figaro ; Xavier Niel, patron de Free, détenteur du Monde et du Nouvel Observateur ; Vincent Bolloré, patron de Vivendi et de Canal + ; Patrick Drahi, patron de SFR, BFM, RMC, Libération et L’Express.

Vieille histoire que ce mélange des genres. Ces hommes sont les sauveurs de médias plongés dans d’inextricables difficultés financières. Revers de la médaille : leur présence signifie une perte d’indépendance pernicieuse. Comment parler de son actionnaire en toute liberté ou lui résister quand on est économiquement faible ? La révolte des journalistes d’iTélé contre cette emprise est un fait sans précédent et révélateur des risques que courent les médias face à ces nouveaux tycoons

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