Il y a une dizaine d’années, un présidentiable pouvait encore oser parler des pauvres. Lionel Jospin s’engageait à ses risques et périls à promettre « zéro SDF » dans les années à venir. C’était en 2002. Sur un slogan similaire, Nicolas Sarkozy récidivait. C’était en 2006. Bien sûr, ce n’était pas vraiment une promesse, plutôt une perspective. Une utopie assumée.

Inutile de tendre l’oreille aujourd’hui. Les exclus n’intéressent plus les présidentiables alors que la grande pauvreté s’exhibe partout dans nos villes. Vous avez aperçu des SDF ? Vous croyez avoir vu des sans-abri ? Vous faites erreur. Les notions de vagabondage et de mendicité ont disparu du Code pénal au début des années 1990. Et les ultimes survivances, comme l’interdiction de la mendicité agressive avec chien ou de la mendicité des enfants, ne sont pas appliquées. Circulez, il n’y a rien à voir !

Nous vivons le retour des bidonvilles, des gangs de chiffonniers et des éventreurs de poubelles. Immense régression sociale vécue sans murmures officiels. Ce renvoi aux temps des Misérables, nous le subissons entre révolte et répugnance, colère et commisération. Tour à tour bon Samaritain et salaud.

À ce stade, notre système fait la démonstration de son impuissance en dépit d’efforts considérables. L’État, les villes, les associations se démènent, mais le plus souvent dans des politiques de court terme. Ne serait-il pas judicieux d’en tirer les conséquences ? De demander à notre modèle social, intouchable et sacré, de prendre aussi en charge les exclus ? 

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