Alain Juppé se sentait-il vraiment « droit dans ses bottes », comme il l’affirmait le 6 juillet 1995, en pleine tourmente ? Peut-être pas. Aujourd’hui, en tout cas, il apparaît constant, déterminé, plus tranquille que jamais. Visiblement, dans cette campagne, il prend son pied. Aurait-il changé de bottier ? 

Son principal concurrent, Nicolas Sarkozy, pensait pouvoir se dispenser de primaires. Peine perdue : les ex-gaullistes ne forment plus un parti de godillots. Chaque matin en se rasant, le président des Républicains rêve, sans y croire, que les juges se résoudront à lui lâcher les baskets. Depuis quelque temps, tout a l’air de se liguer contre lui. Il s’agite, dérape, semble être à côté de ses pompes et va finir par avoir le moral dans les chaussettes. Il a bien essayé de présenter le maire de Bordeaux comme un vieux monsieur en charentaises, mais celui-ci l’a vu arriver avec ses gros sabots et n’a aucune intention de pantoufler. 

Alain Juppé apparaît à beaucoup de Français comme un homme d’État, une pointure. Victorieux à la primaire, il n’aurait pas à craindre les nouveaux escarpins roses de Marine Le Pen, les grosses sandales de Jean-Luc Mélenchon ou les souliers ressemelés de François Hollande. Et encore moins un ou une écologiste aux pieds nus. Juppé refuse de dire qui serait son Premier ministre. Nul doute qu’il trouverait aisément chaussure à son pied : les candidats à ce poste sont légion. Il a promis de se limiter à un seul quinquennat. Mais, pour atteindre en si peu de temps ses objectifs, ne lui faudrait-il pas des bottes de  sept lieues ? 

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