« Nous avions à cœur de déconstruire les clichés et de montrer que la diversité existe au sein même de la diversité. Abderrahmane est issu d’une fratrie de seize frères et sœurs aux parcours très différents. Leur père, mort en 1981, était natif de l’Ouest algérien et leur mère, représentée dans cette série de photos aux côtés de son frère, est Marocaine. Pour ponctuer notre récit, j’ai également récupéré de vieilles photos que certains avaient conservé [image de une, ndlr]. Au-delà des souvenirs transmis par voie orale, c’est en elles que repose la mémoire d’une famille. Il n’en existait d’ailleurs pratiquement aucune du père, dont le souvenir était encore bien présent dans les conversations. Puis j’ai commencé à photographier de manière intuitive, à immortaliser leur quotidien ainsi que les lieux, avant de les faire poser dans une cour blanchie à la chaux, à l’arrière de la maison familiale, à Villeparisis. Abderrahmane, conteur hors pair, a pris instinctivement la plume, pour donner aussi à voir leur vie de l’intérieur. Le titre du livre, 31, rue de la République, est venu de ses frères et sœurs mais je pense qu’ils n’en ont pas immédiatement mesuré la portée. Pour eux, c’est avant tout l’adresse de la maison familiale dans laquelle vivent encore leur mère et son fils aîné. Ils s’y retrouvent tous régulièrement, comme l’on retourne à la base. La symbolique était évidente. »

 

 

Propos recueillis par MANON PAULIC

 

 

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