L’affaire du burkini aura au moins montré une chose : la campagne présidentielle a commencé, et pas sous le signe de la sérénité. Que l’on réprouve – et c’est notre cas – cet accoutrement né dans l’esprit d’une créatrice de mode australienne n’implique pas pour autant d’en faire une menace directe à l’ordre public, comme ont voulu le croire certains maires du littoral français, soutenus par un Premier ministre soucieux de ne pas se faire déborder sur le terrain de l’autorité. Comme il se devait, Nicolas Sarkozy a pointé l’islam comme un problème, annonçant vouloir interdire le voile jusque dans les universités. Les images resteront, ici comme chez nos voisins médusés, de ces femmes couvertes sur les plages, sommées de se dévêtir par des policiers. À croire qu’en cette période mise à cran par les terroristes et leurs attentats meurtriers, quelques politiques en quête de suffrages se radicalisent à leur manière pour repousser les frontières de plus en plus poreuses qui séparaient naguère la droite de l’extrême-droite. Il y aurait pourtant des clarifications utiles à faire sur les musulmans de France. Sur leur existence comme individus et non comme communauté. Chaque musulman croit son islam meilleur que celui de son voisin, et il n’est pas né celui qui saura représenter les musulmans de notre pays. La nomination de Jean-Pierre Chevènement à la tête d’une fondation culturelle, et non cultuelle, pour l’islam montre que l’enfer est pavé de bonnes intentions. A-t-on jamais imaginé un non-juif à la tête du Crif, ou des non-catholiques siéger à Vatican II ? 

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