L’école est un service de garde d’enfant gratuit, avec des horaires de plus en plus bizarres. Il en coûte 7 760 euros par élève aux collectivités locales et à l’État. Avec un budget annuel de 140 milliards, on arrive à encadrer plus de 12 millions de jeunes grâce à 1 million de professionnels dans 63 600 bâtiments distincts répartis dans 13 régions métropolitaines, le tout piloté par une seule ministre. Pour l’essentiel, les grandes questions sont la distance qui sépare le domicile de l’école – source, à chaque rentrée, de nombreuses manifestations pour cause de fermeture de petits établissements –, l’heure de sortie en milieu d’après-midi et les activités du mercredi. L’idée allemande d’écoles plus rares, plus grandes, avec des enseignants mieux payés et un coût moindre pour l’État nous semble bien incongrue ; et les expérimentations américaines d’une semaine de quatre jours avec le vendredi consacré aux cours de rattrapage, à la formation des maîtres et aux rencontres entre parents et enseignants, bien farfelues. Surtout que bien souvent cela donne un week-end de trois jours ! L’horreur.

Non, je ne me moque pas. Je suis consterné par la dévalorisation symbolique et sociale de l’éducation. Je me demande ce qui est arrivé au pays de Jules Ferry pour que la bataille pour l’école devienne un combat politique médiocre, pour que les enseignants soient si mal payés, pour que le statut des maîtres n’ait plus aucun prestige, pour que l’enseignement gratuit ne soit plus la grande chance de tous et surtout des plus défavorisés, pour que les enseignants les moins expérimentés soient envoyés dans les quartiers les plus difficiles… Ne nous demandons plus pourquoi tant de jeunes dérivent vers des croyances simplifiées, pourquoi la bataille des élites pour mettre leurs enfants dans les bons établissements fait monter le prix du foncier, ni comment s’est imposé un modèle éducatif unique dont l’objectif suprême est d’entrer dans l’une de ces grandes écoles détachées des universités où se trouve pourtant la recherche, c’est-à-dire la pensée du futur. Ne parlons plus de réforme : il faut faire la révolution en régionalisant l’éducation et en donnant pouvoir à des chefs d’établissement moins nombreux. Bonne rentrée. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !