Un patron harcelant son employé(e). Un usager du métro en bousculant un autre. Une bande d’adolescents passant à tabac le premier venu, un soir d’ennui. La violence est quotidienne. Selon Alice Miller, philosophe et psychanalyste suisse décédée en 2010, elle s’enracine dans l’éducation que nous prodiguons à nos enfants. Et le système éducatif conventionnel qui fait usage du chantage, de l’évaluation, de l’humiliation et de la punition, transmet aux enfants la recette de cette violence.

Convaincue par cette thèse, Sophie Bouquet-Rabhi fonde en 1999 sa propre école, la Ferme des enfants, au cœur d’un écovillage ardéchois qui s’inspire des initiatives d’agroécologie de son père, Pierre Rabhi. Sa pédagogie : la bienveillance. Puisant dans les méthodes Montessori et Freinet, l’établissement prône l’autonomie de l’enfant, la communication non violente ; on y stimule l’empathie, crée du lien intergénérationnel et sensibilise au respect de l’environnement. Pour préparer l’enfant au monde de demain, nul besoin de l’assommer de leçons de grammaire ou de conjugaison – « on ne force pas un enfant à apprendre le subjonctif s’il n’en a pas envie », déclare la fondatrice –, la priorité est plutôt d’en faire un être non formaté et libre de penser par lui-même. « Notre société est en complète mutation, il va falloir s’adapter très vite, poursuit-elle. Les enfants ont besoin avant tout de confiance en eux, de qualités relationnelles et d’être capables de se mettre en mouvement pour créer une société nouvelle. »

Dans cette école-laboratoire, Sophie Bouquet-Rabhi n’hésite pas à sortir régulièrement des sentiers battus. Dès la rentrée 2016, les élèves ne seront plus regroupés selon des cycles d’âges. Réunis dans un espace multifonction (médiathèque, atelier artistique, etc.), les 6-18 ans évolueront désormais ensemble sur toute la durée de leur scolarité. « On s’inspire aussi des pays nordiques qui ont beaucoup travaillé sur le design et l’architecture de l’école. » Souple et adaptable, la Ferme des enfants est à l’image du citoyen du monde qu’elle cherche à former.

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