La réforme est passée comme une lettre à la poste au printemps 2024. Députés et sénateurs, unanimes pour une fois, ont abaissé l’âge du vote à 12 ans, avec un argument de bon sens : « Grâce à Internet, nos enfants savent tout de la vie avant même d’entrer en CP. Plus rien ne leur échappe ni ne les étonne. Et ils ont l’habitude maintenant de se prononcer à tout bout de champ, d’un simple clic, sur leurs préférences musicales ou sexuelles. Pourquoi seraient-ils exclus des scrutins politiques ? »

Mais s’est posée dans la foulée une question plus complexe, concernant l’autre versant de la société. Jusqu’à quel âge devrait-on avoir le droit de voter, alors que la conduite automobile par exemple est déconseillée, sinon interdite, aux très vieilles personnes ? Quand un citoyen constate un affaiblissement de sa vue, de son ouïe ou de ses réflexes, il renonce spontanément à prendre le volant. Ou alors, c’est son entourage qui l’incite à le faire, voyant en lui un danger public. En revanche, s’il commence à perdre les pédales, personne ne le dissuade de voter. 

L’exercice électoral exige des facultés intactes, ont fait remarquer des vétérans du Parlement, blanchis sous le harnais. On ne peut pas laisser des gens retombés en enfance pénétrer dans l’isoloir. Ils sont capables d’en ressortir sans avoir déposé de bulletin, en nous disant que le roi est nu. Figurez-vous que beaucoup d’entre eux, observant les partis politiques, ne parviennent plus à distinguer la gauche de la droite. Certains en sont même arrivés à ne plus croire aux promesses de leurs dirigeants. 

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