Quelles conséquences un attentat terroriste peut-il avoir sur la santé mentale d’une victime ?

Immédiatement après le choc, 50 à 60 % des victimes entrent dans un état de stress aigu. Les symptômes consistent en des crises d’angoisse, des cauchemars, des reviviscences de la scène traumatique, la perte de l’estime de soi… Elles peuvent présenter des troubles de l’adaptation avec humeur anxieuse (appréhensions, peurs inexpliquées) ou avec humeur dépressive (effondrement sur soi, crises de larmes, idées suicidaires). Après un mois, on parle d’état de stress post-traumatique. Les symptômes, identiques à ceux de l’état de stress aigu, peuvent être accompagnés d’une perte d’autonomie, d’une perturbation de la libido, d’addictions ou encore de troubles de l’identité.

Les victimes sont-elles susceptibles de développer des troubles mentaux liés au traumatisme ?

Absolument. Dans les cas les plus sévères, les victimes d’attentats souffrent de toxicomanie, comme l’alcoolisme, ou de dépression pouvant mener jusqu’au suicide. Ces pathologies chroniques, très lourdes, peuvent durer jusqu’à deux, cinq, voire dix ans ! Les victimes indirectes, comme les conjoints ou les enfants, peuvent, elles aussi, être touchées à un degré plus ou moins important en fonction de leur fragilité.

Comment soigne-t-on une personne victime d’un attentat ?

Cette personne doit tout de suite être prise en charge par une cellule d’urgence médico-psychologique composée de psychologues et de psychiatres. Pendant les premières heures, on fait un débriefing : la victime raconte ce qu’elle a vécu et exprime toutes ses émotions. Il est ensuite indispensable de poursuivre avec une thérapie cognitive. S’arrêter à l’étape du débriefing ne pourrait qu’aggraver l’état mental de la victime. Après avoir fait remonter ses émotions, il faut l’aider à lutter contre ses pensées catastrophistes, soutenir son narcissisme et lui permettre de donner un sens à tous ses troubles et symptômes.

Peut-on préparer son mental, en amont, à une attaque terroriste ?

C’est quasiment impossible. Les troubles mentaux développés à la suite d’un attentat sont liés au contact que l’on a soudainement avec la mort, avec la sienne que l’on a frôlée et avec celle des autres. On appelle cela l’effroi. Peu de gens touchent la mort de près sans en être glacés. 

 

Propos recueillis par MANON PAULIC

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